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298              SUR UN TABLEAU ATTRIBUÉ

un peu de solidité. Elle a l'apparence atténuée d'un tableau
recouvert d'une vitre, et c'est au point qu'on éprouve cette
illusion au premier abord. Le peintre n'a eu qu'une pensée :
adoucir l'expression, la forme, le modelé ; les contours sont
presque fugaces ; tout cela est bien obtenu un peu aux dépens
du style et du caractère. En tous cas, la dissemblance entre
les deux maîtres voisins ne peut être poussée plus loin.
    Nous ferons remarquer en passant que c'est par suite d'une
erreur que M. du Pays, dont le Guide en Italie est si remar-
quablement fait au point de vue de la peinture, place encore
sous le nom d'André del Sarte une grande madone entourée
de saints dans le transsept sud de la même église. On ne
reconnaîtrait guère non plus le gracieux auteur des quatre
volets du chœur dans cette peinture si mâle et si solidement
empâtée. Cette madone est de Perrin del Vaga, et le cicé-
rone qui montre les curiosités du monument a raison cette
fois contre l'autorité du livre. On en remarque d'ailleurs
facilement l'analogie avec une madone du môme auteur, en
tout point digne d'un élève de Raphaël, et qui est appliquée
contre un pilier de la nef, à gauche.

   En somme, le sceau du Sodoma n'est guère moins facile
à reconnaître que celui d'André del Sarte, et aux preuves
négatives de la fausse attribution du tableau de Lyon, nous
avons pu ajouter sans peine les preuves positives. Il faut
donc restituer au Sodoma ce qui appartient au Sodoma. Cette
attribution plus exacte n'ôtera rien à la valeur du tableau
de notre musée, quoiqu'il en coûte toujours un peu de faire
descendre de son piédestal une œuvre qu'on s'était plu à
donner à un peintre universellement vanté, et que ses con-
temporains avaient pu qualifier de senza errori. Nous la
rendons à un maître moins connu en France, mais qui n'en
est pas moins un grand peintre, d'une personnalité forte-