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2'.)4 SUR UN TABLEAU ATTRIBUÉ
mais on y rencontre de fréquentes fautes de goût : l'exécu-
teur ou soldat qui lient par les cheveux la tête du supplicié
est, par exemple, lourd, sans élégance ; l'expression n'atteint
une hauteur véritable que dans l'Evanouissement.
Le même caractère est bien accusé dans un Christ à la
Colonne, figure à mi-corps, peinte à fresque et transportée
de l'église San Franccsco à l'Aeadèmia délie belle arti de
Sienne. Le torse est splendidement beau, puissamment con-
tourné,- l'expression de !a té(e est assez faible, l'exécution un
peu maladroite et telle qu'on peut le présumer d'un peintre
exclusivement préoccupé de l'effet à distance, et à qui le pro-
cédé importe peu pour y parvenir.
L'Adoration des mages de l'Académie des Beaux-Arts, les
tableaux du Palazzo Pubblico de Sienne, sont exactement dans
les tons et l'esprit du Sacrifice d'Abraham.
Une des pins belles choses du Sudoma est le saint Sébastien
delà galerie clegli Uffizii, à Florence.C'est encore une superbe •
académie dans le goût de Tisane; maisplus sculpturale encore
et tout imprégnée de la saveur de la nature et de l'antique. Le
saint se tord sous les flèches qui l'assaillent; peu de souffrance
dans l'expression : ce n'est décidément pas là où le peintre
excelle, mais les muscles se gorillent, les bras se tordent, le
• torse s'affaisse avec une science consommée. Michel-Ange,
s'il a vu cette peinture, a dû être content. La manière de
rendre se ressent de l'habitude de dessiner au trait. Comme
style, celle ligure, ainsi que le groupe de la Sainte Vierge,
de saint Rocli et de sainte Gismonde, rappelle très-bien le
tableau de Lyon. Quant au ton, il est devenu terne et mat,
et comme semblable à ceux de la détrempe. La peinture a
beaucoup souffert, et il n'y a pas lieu de s'en étonner s.i l'on
songe que c'était un étendart (en Italie on ne connaît pas la
bannière de nos pays) de la confrérie ciel Palrimonio eccle-
siastico de Sienne, et qu'on le portait aux processions.