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236                       BIBLIOGRAPHIE.
d'aile les murailles en pierres sèches qui s'amoncellent autour
de chaque existence, et retrouver enfin son âme reine du libre
espace, raviejkns le grand cercle de l'horizon, ou sublime dans
de célestes profondeurs ? »

    II. Le cimetière vivant. — « A l'ancienne ville de Francfort
est un délicieux jardin. On y entre par une porte à treillis enguir-
landée de roses sauvages, et finement étoilée de jasmins odo-
rants. Il est l'oasis d'un quartier obscur. La vie y afflue bouil-
lonnante sur de vertes pelouses. Une humble population vient
s'y réjouir librement de l'air, de la lumière, des fleurs et de tout
ce qui descend des reflets du ciel ; mais c'est un antique cime-
tière , récemment converti en parc public. On distingue par-
tout des sépulcres, des urnes funéraires, des colonnes brisées,
des croix noircies et des statues consternées. Aux flancs sourds
d'un tombeau transformé en table de réunion, se trouvent le mur-
mure ou les éclats d'une intime causerie. Gracieusement assise
sur les marches d'un mausolée, une belle et blanche fille tire
l'aiguille d'une tapisserie aux vives couleurs, pendant que sous
ses pieds les vers décousent quelque tissu de chair. »


   III. La meilleure pierre. —• « La pierre du foyer paternel,
usé par le pied de la mère, par le froissement du berceau, se
calcine lentement, et pendant qu'il se refroidit, l'air extérieur eu
disperse la poudre. Où est la famille? Qu'est devenue la chaude
tendresse des temps jadis si bien abritée? Le vent seul répond
en hurlant dans la gaine encore brillante de suie. »

   IV. Tandem felix. — « Celui qui navigue sur l'infini méprise
de haut un peu de chair ou un peu d'or. Il était confondu dans
la foule. Mais puis-je dire ce qui l'accablait ou le dévorait? Un
espoir vainement poursuivi? Une beauté toujours cherchée?
L'ambition, cet amour des hommes ? L'amour, cette ambition
des femmes? Faisant ce que font les hommes, feignant de vivre,
il maintenait fièrement sur sa poitrine le renard de son secret
rongeur. Pitié en eut enfin la mort, elle, douce berceuse des