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                       CONCOURS DE POÉSIE.                    189

        Désert, heureux désert, quels sont tes privilèges !
        Sois mille fois béni, désert qui me protèges.
        Que ma vie et ma mort se renferme en ces lieux ;
        Garde bien mes soupirs, mes pas silencieux,
             Mon humble toit religieux,
             Le jardin de ma jeune abeille,
             Mon doux repos quand je sommeille,
             Ma conscience quand je veille,
        Et la paix de mon âme et son vol vers les cieux.


   Ces légères reconnaissances que nous essayons en font
foi : la poésie française était déjà chez elle dans cette Savoie
qui n'était pas encore a nous. Elle n'avait donc qu'a se sou-
venir, qu'à retrouver sa voix, qu'a chercher quelque écho
familier, et les lauréats allaient se présenter facilement a
notre concours.
   Puis, ce n'était pas seulement le génie des lieux qui pou-
vait venir en aide, le poète devait se sentir soutenu, exalté
par un vrai patriotisme.
    Nous sommes de ceux qui ne comptent pas beaucoup sur ce
qu'on a nommé la poésie de circonstance. Nous comprenons
très-bien que la poésie n'a rien de commun avec une entre-
prise proprement dite des réjouissances publiques; que d'or-
dinaire l'invention est languissante, la verve glacée, si l'ar-
tiste n'a pas eu le choix libre de son sujet ; qu'on ne com-
 commande pas précisément une ode comme on envoie un
 objet chez le doreur. La circonstance, c'est la primeur hâtive
 des événements, qui n'est pas souvent bonne a cueillir pour
 la poésie. ïl est rare que ceux qui travaillent pour la cir-
 constance ne soient pas légers et pressés comme elle, et,
 la plupart du temps, leurs œuvres ont l'exacte longévité de
 leur sujet.
   Mais il est pourtant de ces événements, qui tiennent une
si grande place dans la vie des peuples et qui donnent de si