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EXPOSITION DE QUELQUES PEINTRES LYONNAIS. 445 au spectateur pour lui en faire comprendre le sens. Sa Forêt de Bondy représente une fillette poursuivie par un troupeau d'A- mours qui semblent éclore sur ses pas, et qui sont-bien des voleurs au premier chef, voleurs de cœurs mais non de bourses. Deux exposants de fleurs, MM. Régnier et Perrachon, ne m'ont pas consolé d'une lacune que le temps comblera difficilement, celle laissée en arrière de lui par le peintre Saint-Jean. — Au tableau des Trois couronnes, je préfère le Vase de fleurs, aussi de M. Régnier, quoique la composition du premier ait, en réalité plus de valeur. Ses roses ont la légèreté et le coloris de celles de Berjon, tandis que les bouquets de M. Perrachon ont plus de raideur dans leurs linéaments et leurs contours. Mais l'un et l'autre n'en resteront pas là , car c'est de Lyon que nous viendront toujours les maîtres du genre; comme les Van-JHuysum, les Van-Spaendonck, ces illustrations florales des derniers siècles, sont toujours venus de la Hollande. Le petit tableau du Roi boit, par M. Genod, renferme un in- génieux épisode, celui de l'enfant buvant la vie au sein de sa mère, pendant que le président du banquet frugal où la scène se passe boit lui-même à la fraîche royauté de l'enfant dans l'ex- pansion d'un fou rire que l'assistance partage. C'est, avec un autre système de couleur, la bonhomie joviale du Mariage bres- san , dû à la jeunesse du même auteur, et qu'on revoit tou- jours dans les galeries du musée impérial du Luxembourg. Ces rapides impressions ont été, je le répète, puisées à tra- vers champs. Elles sont loin, comme vous le voyez, de s'appliquer à la généralité des exposants lyonnais, et j'achève ma lettre déjà fort longue, en vous parlant de M. Claudius Jacquand, dont les ouvrages exposés ont été peu considérables cette année, à raison de ce qu'il a consacré près de dix-huit mois aux pein- tures murales de l'église de Saint-Philippe-du-Roule, œuvre embrassant toutes les phases de l'histoire de la Vierge, cette personnification de la vie mortelle et céleste, initiée par le cœur aux joies et aux angoisses de la femme, en même temps que par l'âme à tout ce que l'esprit humain peut concevoir de plus divin et de plus pur. — M. Jacquand, en osant traiter le plus 10