Revue du Lyonnais » série 2 - n°23 ( 1861 ) » pp.140

140                    LES ÉCORCHEURS.

   De ce moment, la fortune des Écorcheurs commença à
décliner. Malgré tout, le désir inné du repos et de la paix
l'emportait sur l'esprit de désordre. Les bandes trouvaient
de moins en moins à se recruter. Les causes de guerre dis-
paraissaient, et avec elles la nécessité d'avoir des troupes
toujours sur pied. L'autorité royale reprenait de jour en jour
plus de puissance et était mieux obéie. Charles VII venait
en outre de constituer une armée régulière en créant les
compagnies de gendarmes permanentes, belle organisation
militaire qui subsista très-longtemps et qui fut une des bases
sur lesquelles s'élevèrent les armées modernes. Un grand
nombre des Écorcheurs, les moins mauvais, durent entrer
dans ces nouvelles compagnies, et de bandits redevenant
soldats, se soumirent à une discipline sévère soutenue par
une solde plus régulière. Les autres payèrent peu à peu leurs
crimes par l'eau ou la corde, ou la fourche des paysans, et
finirent par disparaître vers 1450.

                                     P. CANAT DE CHIZV.