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78 BIBLIOGRAPHIE. Encore aujourd'hui, il se rappelle avec amertume d'anciennes disgrâces. Peut-être il ne sut pas assez se résigner et attendre tranquillement le jour où le bon droit triomphe. Mais ce sont là les accidents ordinaires de la vie publique, les luttes qu'il nous faut soutenir, les obstacles qui viennent lasser quelquefois notre persévérance! Mais alors, comme M. d'Aiguy, il faut se ré- fugier dans la vie de famille, se consoler avec les cœurs aimants qui entourent le foyer domestique. Où M. d'Aiguy montre sa véritable force , c'est quand il dé- montre la grandeur et l'utilité de nos institutions sociales ; quand il apprend à son fils l'utilité d'un mariage selon le cœur, les joies pures, celles de la famille. C'est alors que M. d'Aiguy, s'aban- donnant à de doux souvenirs, se rappelle avec bonheur les féli- cités conjugales, les satisfactions paternelles : il oublie alors les inquiétudes, les tourments de sa vie, et se croirait ingrat s'il ne remerciait Dieu de tant de bienfaits. « Pour moi, dit-il, dont la vie a été abreuvée d'amertumes, je « ne sais pas oublier les jours où la douce espérance me couvrait « de ses rayons, où j'avais des amis selon mon cœur. Je ne sais « pas oublier les joies des courts triomphes, mes illusions,, mes « rêves sans fin, et je bénis et remercie Dieu de me les avoir « donnés. » Si les fragments des discours prononcés par M. d'Aiguy, dans sa longue carrière du ministère public, nous le révèlent comme orateur habile , au style de son livre, nous le reconnaissons pour bon écrivain. Mais ce livre m'a plu surtout, parce que c'est un livre honnête ; il m'a instruit, parce qu'il répète les leçons de l'expérience ; il m'a charmé, parce qu'il exprime avec talent des sentiments que nous avons tous dans nos cœurs. R. DE LA SAUSSAYE.