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                                NÉCROLOGIE.                                   75
dont il avait fait l'acquisition, lorsque le bey de Tunis lui fit, pour la direc-
tion de grands travaux qu'il projetait, un appel auquel son activité répon-
dit, ,mais que les événements ne secondèrent pas. M. Chaley rentra en
France en laissant l'exécution de ces travaux à l'un de ses gendres. L'hiver
de 1860 éprouva si cruellement sa santé que les médecins lui conseillèrent
de retourner sur la terre africaine dont la chaude température parut
d'abord améliorer son état. Mais il a sucombé à la maladie le 15 avril,
loin de sa patrie qui lui doit un souvenir de reconnaissance et d'estime.


                    Mme LOUISE D'AUDIFFRET. .

   Nous ne laisserons pas non plus descendre dans la tombe , sans lu i
payer un tribut de regret, Mme Louise d'Audiffret, née Humbert, qui a
bien voulu, il y a longues années, remettre plusieurs fois au Courrier de
l'Ain des poésies remarquables par la délicatesse de la pensée et la grâce
de l'expression. On était alors dans ces temps calmes et tout littéraires,
où des stances de M. Gabriel de Moyria, des vers latins ou français de
M. Berthollon de Pollel, des lettres spirituelles de M. le docteur Martin,
publiés par les journaux, trouvaient des lecteurs empressés et des appré-
ciateurs bienveillants. Mmo d'Audiffret était née à Neuville-sur-Renom
dont elle a chanté le frais paysage ; elle a successivement habité Bourg et
Trévoux, où les amis des lettres recherchaient sa société        Mais le jour
des malheurs s'est aussi levé pour clic : des douleurs de famille , des infir-
mités, la perte de la vue, celle de sa fortune sont venues l'accabler; et
lorsqu'elle a voulu réunir en un faisceau de fleurs de ses jeunes années,
les inspirations de sa muse, elle a dû laisser l'œuvre inachevée.
   Espérons que , comme pour M me Desbordes-Valmore dont elle était
sœur par la grâce, par la poétique imagination et aussi par le destin, il se
trouvera une main généreuse qui recueillera ces feuillets épars dans les-
quels sa rêverie mélancolique laissait parfois apparaître le triste pressen-
timent des malheurs sous lesquels elle a langui, puis tristement sucombé.

                                                     F. DCFOUR.

                                       (Courrier de l'Ain, 11 mai 1861).