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FUNÉRAILLES DE M. MORIN. 69
longues années, la communication assidue de ses intéressants
travaux.
Elu, seulement en 18S1, membre de l'Académie, où depuis
longtemps sa place était marquée par l'opinion publique, notre
confrère devait laisser parmi nous des traces durables de son
passage. Son discours de réception, traitant des origines lyonnai-
ses, fut une page brillante ajoutéeà ses études historiques sur notre
antique cité. A ce premier tribut succédèrent des communications
toujours accueillies avec cet intérêt que commandent les recher-
ches faites avec conscience et présentées avec talent.
En 1859, la question du Salaire des femmes fournit au laborieux
et savant académicien l'occasion de développer ses vues particu-
lières sur un des problèmes les plus difficiles de l'ordre social.
Chargé du rapport sur ce concours, il s'acquitta de cette tâche en
homme de cœur, en profond économiste. Des éléments aussi
nombreux que confus, soumis à son examen, il sut dégager l'idée
dominante, l'opinion unanime, quoique diverse dans ses expres-
sions, c'est-à -dire la nécessité urgente d'une réforme dans
l'éducation des femmes, et il conclut que, pour arriver à l'amé-
lioration de son sort, il faut que la femme trouve dans la protec-
tion sociale les appuis nécessaires à la culture et au développe-
ment de toutes les forces que sa nature comporte.
Ce rapport si remarquable fut comme l'adieu de notre confrère
à l'Académie. Sa santé déclinait; les soins qu'elle exigeait et peut-
être aussi le besoin de se recueillir l'éloignèrent bientôt de nos
réunions. Il n'était pas d'un grand âge, mais il appartenait à cette
génération qui a vécu et vieilli de bonne heure dans les orages.
Réduit à compter avec les jours, il ne conserva de ses occupations
que celles qu'il regardait comme d'impérieux devoirs. Membre
des bureaux de bienfaisance depuis de longues années, secrétaire
du comité du premier arrondissement, il ne voulut résigner ses
fonctions charitables qu'à la dernière heure, et c'est de son lit de
mort que sa main affaiblie traçait, il y a quelques jours à peine,
ses adieux aux pauvres dont il fut si longtemps l'ami et le
soutien.
Journaliste ou historien, notre confrère fut toujours un homme