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JEAN GERSON. 05
quelques consciences timorées, un sujet d'inquiétude et les em-
pêche de concourir à honorer sa mémoire, nous allons citer le
témoignage de saint François de Sales , qui doit dissiper tous les
scrupules.
« Pour ce qui regarde Jean Gerson, lorsqu'il a traité des
« cinquante propriétés de l'amour divin, indiquées dans le
« Cantique des Cantiques, il paraît avoir éprouvé toutes les
« affections les plus profondes de ce divin amour et avoir mani-
ée festé au dehors ce qu'il avait puisé dans le Seigneur. Ce fut
un homme d'un excellent jugement, très-savant et très-
e< pieux (1). »
Rejeter ce grand docteur, c'est donc rompre avec les siècles
passés, c'est dire que l'Eglise de Lyon a été pendant longtemps
dans l'erreur, car les doctrines de Gerson ont été enseignées
dans nos séminaires, et l'édition des œuvres où j'ai puisé ces
renseignements porte au verso : Ex bibliothecâ seminarii Sancti
Irenœi, Lugdunensis.
L'Université, si jalouse à juste titre de l'honneur de ses mem-
bres, est intéressée à l'érection de cette statue. Gerson se faisait
gloire de lui appartenir , et il dut une partie de son ascendant
dans les synodes à son litre de chancelier de l'Université de Paris.
Mais c'est nous surtout, Lyonnais, que cette question inté-
resse. Gerson a adopté notre ville pour sa patrie ; c'est dans ses
murs qu'il a composé la plupart de ses ouvrages , et c'est aux
enfants de ses pauvres qu'il a enseigné le catéchisme. Sans doute,
cette pure doctrine, ennemie des superstitions et des exagéra-
tions italiennes, du rigorisme monacal de l'Espagne et des mani-
festations ridicules de nos villes du Midi, a contribué a former
cet esprit d'une piété éclairée, d'un catholicisme solide et grave
qui distingue notre ville et qui se formule chaque jour, comme
cela arrivait dans la personne de Gerson, en œuvres de charité,
en institutions si nombreuses pour le soulagement des malheu-
reux et le salut des âmes que Lyon est pour l'univers entier la
ville de la charité chrétienne. DELORME.
Chef d'institution.
(1) Préface du Traité de l'amour de Dieu.
S