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                              JEAN CERSON.                               63
     Quand je considère les troubles civils qui suivirent l'invasion
  des Anglais, la mort de Charles VI, les agitations de l'Église et
  de l'Etat par le grand schisme d'Occident, je suis frappé des
  rapports avec la halte actuelle, après le cataclysme de 93, et les
  inquiétudes des catholiques, depuis la guerre d'Italie.
     Gerson fut le sauveur de la catholicité à son époque ; c'est
 l'homme qu'il faudrait dans les circonstances actuelles.
     Défenseur de l'inviolabilité des rois, il réfuta victorieusement
  les propositions de Jean Petit en faveur du tyrannicide.
     Précurseur du grand Bossuet, il exposa les doctrines de l'Eglise
 gallicane, et posa les limites des deux puissances, se tenant à
  une égale distance des attentats de la Réforme et des exagéra-
 tions de l'ultramontanisme.
     Toujours en avant de son siècle par ses lumières comme par
 sa piété, si ses opinions politiques en font un homme de notre
 époque, ses opinions théologiques lui firent également pressentir
 les décisions que l'Eglise a proclamées de nos jours.
    Ainsi, il enseigne que Marie a été conçue sans péché. Je ne
 peux m'empêcher de citer la formule de sa foi à cet égard. Je
 traduis textuellement :
     « Marie a été conçue sans le péché originel ; elle a été
 « exemptée non de la dette de ce péché, ni des maux qui en
 « sont le châtiment, mais de la tache, et cela par une grâce
 « spéciale de Dieu et parla rédemption du Christ réparateur (1).»
    Tous les ordres de l'Etat ont intérêt à voir honorer la mémoire
•de ce grand homme.
    Le pouvoir temporel des princes, dont il défendit l'inviolabilité
 et l'indépendance.
    Le cleTgé, à qui il appartient non seulement par son caractère
 de prêtre, mais par ses vertus, sa doctrine, sa vie pénitente et


    (1) Vult illam absque peccato originali conceptam esse : non proptereà
illam à debito contrahendi peccati originalis, et à paenitatibus hujus vitœ
immunem fuisse opinatur •. sed à peccati originalis labe , speciali Dei
gratià, et Christi reparaloris redemptione eam fuisse prseservatam, etc.
(Opéra oninia, pag. win).