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ET DU MYSTICISME. 17 portance dans un réveil de l'esprit mystique qui s'annonce par de tels signes; et la jeune démocratie américaine, gâtée peut-être dès le berceau, toujours imprégnée des chiméri- ques tendances de l'émigration puritaine d'où elle naquit, serait a gronder d'une façon assez sévère, si la vieille Eu- rope, complice en partie des mêmes égarements, n'avait perdu le droit de lui faire la leçon. Touchons y donc en passant à cette question du surna- turel, puisque des événements contemporains dont il est permis de prendre quelque souci nous la posent, et que d'ailleurs il y aura toujours pour le philosophe un intérêt capital a rechercher jusqu'à quel point nous devons demeu- rer dans les conditions que nous fait ici-bas notre nature. Si j'avais besoin d'une excuse pour essayer de discourir sur ce sujet et qu'il me fallût apaiser certains scrupules de dignité académique, je* chercherais à m'abriter derrière une pensée exprimée par Domat. « N'y a-t-il point, s'écriait-il, quelque « compagnie où on examine sur le bon sens comme sur la « loi? » J'avoue que je voudrais que cette compagnie, souhai- tée par le grand jurisconsulte de la France, fût la nôtre, et sa juridiction, devenue nécessaire pour délimiter de nos jours le vrai terrain de la science, je suis entraîné facilement à la mettre en exercice, tout en regrettant que l'autorité ne m'appartienne pas davantage pour pouvoir formuler ses déci- sions. Je crois qu'il y aurait peu de difficulté a renvoyer d'abord du prétoire, comme n'étant guère dignes d'examen , les doc- trines suspendues au rameau de l'arbre mystique tourné vers l'évocation des esprits. Cela s'appelle aujourd'hui du spiri- tisme. Toute une littérature étalée a la montre des librairies a été créée pour prêter faveur à ce genre d'incursions triom- phantes dans le monde surnaturel. Il semble, en vérité, que le bon sens n'ait pas un long débat a soutenir avec elle. 2