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 b30                           BIBLIOGRAPHIE.
 besoin de l'éducation la plus ferme et la plus sage. Mais quelque ca-
 pricieuse que la nature se fût montré à son égard , celle à qui fut con-
 fié le soin de former son caractère était plus capricieuse encore. Elle
 passait du paroxisme de la violence au paroxisme de la tendresse. Tantôt
 l'étouffant de ses caresses, tantôt insultant à sa difformité. ïl entra dans le
monde et le monde le traita comme sa mère l'avait traité, quelquefois avec
 passion , souvent avec cruauté , jamais avec justice. Il eut pour lui une
complaisance aveugle, puis le punit sans discernement. Il fut, en vérité, un
fils déshérité , non seulement le fils déshérité .de son père, mais le fils dés-
hérité de la nature, le fils deshérité de la fortune, le fils deshérité de la re-
nommée, enfin le fils deshérité de la société. Ses premiers poèmes furent
reçus avec un mépris que, malgré leur faiblesse , ils ne méritaient pas en-
tièrement. Les poésies qu'il a publiées au retour de ses voyages , furent
d'autre part vantées au-delà de leur valeur. A vingt-quatre ans il se trouva
au faîte de la gloire littéraire, avec Scott, Wordsworth, Southey, et une
foule d'écrivains distingués à ses pieds. On trouve rarement dans l'histoire
d'exemple d'une élévation si soudaine à une hauteur aussi étourdissante.
   Tout ce qui peut stimuler, tout ce qui peut flatter les penchants les
plus prononcés de notre nature, les lumières de cent salons, les accla-
mations de tout un peuple, les louanges d'hommes applaudis, l'amour de
femmes séduisantes, tout ce monde et toute cette gloire vinrent à la fois
s'offrir à un jeune homme à qui la nature avait donné d'ardentes passions,
que l'éducation n'avait jamais appris à gouverner. Il a vécu comme bien
des hommes vivent, qui n'ont pas de semblables excuses à invoquer pour
leurs fautes. Cependant ses compatriotes, hommes et femmes, l'aimèrent et
l'admirèrent. Ils étaient résolus à ne voir dans ses excès que l'éclat, l'ex-
plosion de l'esprit fougueux qui élincelait dans sa poésie. Il a attaqué la
religion, et pourtant son nom a été prononcé avec passion dans des cer-
cles pieux ; dans bon nombre de publications religieuses, ses ouvrages ont
été critiqués avec une singulière indulgence. Il a écrit un pamphlet contre
le prince régent et n'a pu s'aliéner les Tories. Il semblait qu'on dût tout
pardonner à sa jeunesse, à son rang et à son génj,c.
   Puis vint la réaction. La société capricieuse dans son indignation comme
elle l'avait été dans son enthousiasme, entra en fureur contre son favori
perverti et gâté. On lui avait rendu un culte d'idolâtres insensés , il
fut persécuté avec une aveugle furie. On a beaucoup écrit sur les mal-
heureux événements domestiques qui ont décidé de sa destinée. Cepen-
dant, rien n'est ni n'a jamais été su du public d'une manière certaine,
si ce n'est une querelle avec sa femme et son refus de vivre avec elle.
Il y eut beaucoup de demi-mots, des haussements d'épaules et des secousses
de tète, « Bien, bien, nous èavotis. » « Nous pourrions si nous voulions. »
« Si nous voulions parler. » « Cela pourrait se faire si on voulait. » Mais
nous ne sachions pas qu'il y ait là pour le monde, établi, par une preuve
certaine, ou même palpable, un seul fait qui indique que lord Byron fût
plus coupable que tout autre homme en mauvais termes avec sa femme.
Les hommes de loi que Lady Byron consulta furent, sans doute, d'avis
qu'elle ne continuât pas à vivre avec son mari. Mais on doit se rappeler
qu'ils donnèrent conseil sans entendre les deux parties. Nous ne disons
point, nous ne voulons pas insinuer que Lady Byron eût aucun tort. Nous
croyons que ceux qui la condamnent d'après l'opinion publique sont
aussi téméraires que ceux qui condamnent son mari. Nous ne prononcerons
aucun jugement, nous ne pouvons, même, dans notre conviction, en former
aucun sur une affaire que nous connaissons peu. Il aurait élé à désirer