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HO VISITE A SANT' ONOFRIO. les reliques de la cellule, c'est celle qui attire d'abord l'at- tention. Les traits sont amaigris par la maladie, les chagrins, la souffrance. La tête, de grosseur moyenne tout au plus, est très-développée dans toute sa partie supérieure, ainsi que le front, dont la coupe cependant n'est pas jetée dans le large moule consacré par la tradition aux fronts d'Homère ou de Shakspeare. Il est vaste mais peu bombé et rappelle plutôt les formes classiques. Le tour de la figure dut être d'un ovale légèrement allongé dans la jeunesse de Torquato. Le nez mince, régulier, est grand sans exagération ; les sourcils sont correctement arqués; les yeux longs et bien fendus. Mais l'extrême délicatesse du bas du visage frappe surtout l'observateur. L'intelligence semble avoir absorbé toute la terrestre enveloppe ; la pensée a élargi sa place, tandis que les lèvres, le menton n'ont emprunté à la ma- tière que des contours presque éthérés. Le Tasse de prime abord, et sans qu'il soit besoin de songer a sa vie et à ses ouvrages, se reconnaît pour une de ces organisations pri- vilégiées qui sont tout cœur, tout génie ! Et l'expression de son visage révèle son caractère avec une vérité saisissante. La pureté, la noblesse, la candeur intelligente de cette tête appellent, on le pressent, les sourdes persécutions de l'envie, la haine, les calomnies et les infâmes attentats des méchants. Il y a quelque chose de céleste, fait pour les palmes d'un monde supérieur, dans la sérénité de ces lignes élevées, et cette harmonieuse physionomie plane au-dessus de toutes les mesquines et mauvaises passions de la terre. Huit jours plus tard, à Naples, étudiant le buste du Dante, il me parut intéressant de comparer de souvenir ces deux images authentiques des deux grands épiques italiens. Comme la tête du Dante appartient plus à notre sphère ! Cet œil perçant et profondément enfoncé dans l'orbite, ces rides for- tement accentuées, ces lignes énergiques où l'angle domine,