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DE LA PHILOSOPHIE DE L'HISTOIP.E. 29 i l'esprit, sur un replongeaient sans fin dans les fanges de la barbarie que la Providence aurait établi la raison dernière de l'existence des sociétés. Non, encore une fois, il faut trop de barbares à Vico pour appuyer son système. De Vico si l'on passe à Herder, on est tout dépaysé. Ce ne sont plus les axiomes de la métaphysique, les extraits de la jurisprudence, les menus détails de la philologie, les interprétations mythologiques qui s'assemblent en un code original de la vie des nations. La Nature extérieure, si com- plètement oubliée parle philosophe napolitain, reprend main- tenant ses droits, et Herder les lui rend, par une réaction si décidée, en quelque sorte si aveugle, que voici à présent la nature extérieure qui menace d'étouffer dans son vaste sein toute l'histoire. Plus complet en cela que Vico, Herder veut que la philo- sophie de l'histoire commence par l'étude du globe sur le- quel viennent successivement se montrer les différents peu- ples. Ce serait le théâtre à connaître avant les acteurs. Mais, trompé bientôt par son admiration à la vue de décorations si mobiles et si variées qui lui présentaient ici les rocs char- gés de vapeurs grisâtres de la Calédonie, là les propylées grecs baignés dans l'azur, tantôt les glaces désolées des mers polaires, tantôt l'anse gracieuse où le flot de Sorrente se brise avec un doux murmure, tour à tour la sombre pro- fondeur de la forêt Hercynienne et les plaines où ondulent les jaunes épis de la Lombardie, il a pris en quelque sorte le théâtre pour le spectacle même, et il ne s'est plus guère inquiété des hommes que pour savoir sous quelle puis- sance amie ou contraire, charmante ou terrible la nature les avait subjugués. Sur tout le reste, Herder n'a que des opinions mal arrêtées où une foi vacillante. Il n'évite même pas les contradictions. Vous l'entendriez, dans tel endroit de ses ouvrages, célébrer le bonheur rustique de la chau-