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334                   LE PÈRE DE LA CHAIZE.


Au Très-Révérend Père Jean-Paul Oliva, général de la compagnie
                      de Jésus, à Rome.

                                   * Cambrai, le H avril 1677 (1).

         Mon Très-Révérend Père, (2)
   Que Votre Paternité me pardonne s i , à plusieurs de ses let-
tres que j'ai reçues au camp, je réponds par une seule missive.
Atteint depuis quelque temps de diverses incommodités, et
accablé d'une maladie de langueur, je commence enfin à être
mieux, et à m'occuper, quoique très-faible, d'affaires interrom-
pues et qui se sont accumulées.
   Ce que j'ai fait jusqu'ici pour nos collèges et nos maisons est
peu de chose. Notre Société est ma mère , ma famille ; elle est,
pour ainsi dire, tout pour moi : aussi je lui appartiens tout entier
et je mettrai pour elle en œuvre avec bonheur, et à tout jamais,
ce qu'il y a en moi de forces, d'influence et d'activité.
   J'ai remis au Roi très-chrétien la lettre de Votre Paternité. Sa
Majesté, quoique fort occupée, l'a lue en très-grande partie, bien
qu'elle fût longue (mais digne pourtant en tous points de Votre
Révérence et d'un si grand Roi).
  Il m'a ordonné de remercier moi-même en son nom Votre
Paternité de la reconnaissance qu'Elle a témoignée à Sa Majesté.
Le Roi a ajouté qu'il portait notre Société dans son cœur, et qu'il
saurait le lui exprimer encore par de nouveaux et de plus grands
bienfaits.
  Dès que je serai de retour à Paris, je ferai tout mon possible


   (1) La citadelle se rendit au roi le 17 du même mois.
   (2) Le Tère Oliva, général de la Compagnie de Jésus pendant dix-sept
ans , dont nous avons parlé précédemment, était un homme d'une piété
sincère et d'une habileté peu commune. Il fut en correspondance avec les
principaux rois et princes de son époque. Ses lettres aux empereurs d'Al-
lemagne, aux rois de France , d'Espagne, de Pologne, aux ducs de Bruns-
wick, de Bavière, de Savoie, etc. , furent publiées à Rome quelque temps
avant sa mort, arrivée le 20 novembre 1681.