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46 LE PÈRE DE LA CHAIZE. et il les a raccommodés. C'est une chose inutile, Madame, que tous ces projets ; il n'y a que le Père de la Chaize qui puisse les faire réussir. Il a déploré vingt fois avec moi les égarements du roi; mais pourquoi ne lui interdit-il pas absolument l'usage des sacrements ? 11 se contente d'une demi-conversion ; vous voyez bien qu'il y a du vrai dans les petites lettres. Le Père de la Chaize est un honnête homme, mais l'air de la cour gâte la vertu la plus pure et adoucit la plus sévère. » Ce jugement porté par madame de Maintenon sur le confes- seur du roi n'était-il pas trop rigoureux ; et l'erreur du Père de la Chaize n'est-elle pas aussi excusable que celle de Bossuet, en cette circonstance? Madame de Maintenon était plus clairvoyante. Ce qui échap- pait à la droiture confiante de Bossuet et du confesseur ne pou- vait tromper son inquiète et constante perspicacité. Elle voulait sauver le roi et le rendre tout entier à la reine, et pour ar- river à ce résultat presque inespéré, elle mettait en œuvre tous les efforts de son zèle et toute la finesse de sa péné- tration. Dans les meilleurs termes d'abord avec madame de Montespan, elle avait fini par lui inspirer des craintes sérieuses. Comment en effet expliquer ce zèle ardent? La marquise n'étail pas femme à croire à la vertu de madame de Maintenon; elle ne voyait en elle, ainsi que madame la duchesse d'Orléans, « qu'un Tar- tufe en robe couleur de feuille morte. » Madame de Montespan avait « un caractère capricieux qu'elle faisait supporter à out le monde (1), » « une hauteur en tout dans les nues, dit Saint-Simon, dont personne n'était exempt, le roi aussi peu que tout autre. » Qu'on ajoute à ces défauts une jalousie profonde pour madame de Maintenon. Il y eut entre elles de terribles orages, des scènes d'une vivacité extrême. « Louis XIV leur disait quelquefois qu'il avait plus de peine à mettre la paix entre elles qu'à la rétablir en Europe (2). » (1) Histoire de madame de Maintenon, par M. le duc de Noailles. (2) Histoire de madame de Maintenon, par M. le duc de Noailles.