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484                   LE PÈRE DE LA CHA1ZE.
    Dans la lettre suivante, il est dit un mot du cardinal d'Estrées,
 alors chargé des affaires ecclésiastiques de la cour de France au-
près du Saint-Siège, en même temps que son frère y était am-
bassadeur. Le choix qu'avait fait Louis XIV de ces deux hommes
aussi éclairés que prudents suffirait seul pour détruire toutes les
injustes insinuations dont jusqu'à nos jours on s'est plusieurs fois
efforce de noircir la conduite de ce prince à l'égard du chef de
l'Eglise. Dans ces déplorables dissensions, Louis XIV mit beau-
coup plus de longanimité et de condescendance, que ne Font
supposé quelques écrivains peu consciencieux ou mal informés.
Tous les mémoires du temps sont unanimes, en effet, à nous
représenter le cardinal d'Estrées comme un diplomate aussi
conciliant et affable que son esprit était fin et délié. Par sa pa-
tience, sa modération et son adresse, il fut assez heureux pour
ramener les quatre évêques qui avaient refusé d'approuver la
condamnation de Jansénius. Cette négociation dont l'heureuse
issue assura pendant quelque temps la paix de l'Eglise, lui valut
le chapeau de cardinal. Après la mort du pape Clément X, il
contribua puissamment & l'élection d'Innocent XI, qui ne paraît
guère s'en être souvenu. On sait comment, chargé par Louis XIV
d'aplanir les longues difficultés occasionnées par la régale, il
finit, avec l'aide du P. de la Chaize, par la terminer d'une ma-
nière satisfaisante pour la chrétienté.
   Son frère, le duc d'Eslrées, ne se montra pas moins que lui
favorable à l'union du chef de l'Eglise avec le roi de France.
Nommé ambassadeur extraordinaire, en -1672, auprès de la cour
de Rome, jusqu'à la fin de sa carrière, il mit tout en œuvre pour
étouffer les discordes. « Il se comporta avec tant de prudence
« et de sagesse, dit le P. Anselme, en maintenant les intérêts
« de la couronne de France, que le pape, par estime particu-
« lière, voulut qu'après sa mort on lui rendît les honneurs qu'on
« rend aux princes (I). » Or, il ne faut pas oublier que ce sou-
verain pontife était Innocent XI.

  (t) Hist. Généalogique, clc. par le P. Anselme, Paris, in-folio, t. 4,
p. 600.