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4-78           RÉVOLUTION DE SUÈDE EN 1772.

   Le lendemain de la révolution, M. d'Efsenstein écrivit au
roi Gustave la lettre suivante :
   « Les bontés dont Votre Majesté m'a toujours honoré
m'avoient pénétré de la plus vive reconnoissance et me
plongent dans ce moment dans le plus grand désespoir.
J'ai été obligé de vous désobéir parce que j'ai cru que les
Elats seuls pouvaient lever le serment que je leur avois fait...
Vous venez de rendre la liberté à la nation, action qui n'a
presque point d'exemple et que je ne pouvois prévoir mal-
gré l'opinion que j'ai toujours eu de vos grandes qualités.
C'est donc en bonne conscience que je porte mon hommage
aux pieds de V. M. Mais, Sire, permettez, qu'après avoir
parlé a mon Roi, je m'adresse à mon ami. Ce terme de la
part d'un sujet ne doit pas choquer les oreilles de Gustave :
vous avez outragé mon cœur; un mot m'eût fait voler
a votre secours. Il y a eu un complot contre vous et vous
ne me le dites point ; je ne l'ai appris qu'hier au soir, dans
la lettre dont vous m'honorâtes, et que lorsque la ville étoit
déjà soumise, vous ne me donnez d'autre motif que de ré-
tablir la constitution de Gustave-Adolphe ; adoptée au terme
présent, ce pouvoit être celle de Charles XI : cela me fit
prendre le parti que j'ai pris. Il ne me reste qu'un second,
qui est de remettre mes emplois. La plume me tombe des
mains. »
    Cette lettre aurait pu irriter le monarque. Il en jugea
autrement : il alla remettre lui-môme à M. d'Eifsenstein son
 épée.
    La pension de la France fut rétablie.
                                      F . DE MONTHEROT.
           Paris, 1806.