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VISITE A SANT' ONOFMO. 115 Le 10 avril, les médecins lui trouvèrent la fièvre et commen- cèrent à être en grand souci de sa vie ; en effet, son état empirant toujours, et, le septième jour de la fièvre, ne sa- chant plus que faire pour combattre la maladie, ils crurent devoir préparer le malade a l'annonce de son dernier pas- sage. Le Tasse accueillit cette nouvelle sans effroi, et la matinée suivante il voulut recevoir la grâce des sacrements dans l'église même du monastère, où, traînant comme de vive force ses membres débiles, il se fit conduire a l'aide d'un bras, et après avoir reçu la bénédiction pontificale des mains du prêtre et la sainte communion à l'autel, il fut re- conduit dans son lit sur les bras des frères ; et le Prieur lui ayant demandé si son intention était de faire un testament, le Tasse répondit que de même que des biens de la fortune il avait eu peu de souci, il avait eu aussi peu de commo- dité pendant sa vie, et qu'il ne voyait pas l'utilité de faire aucun testament. Le Père lui ayant encore demandé où il vou- lait être enseveli après sa mort : « Dans cette église, dit-il, si l'on daigne accorder un tel honneur a ma cendre ! » Le Prieur reprit que les Pères désireraient avoir de lui-même son épitaphe pour la graver sur sa tombe ; le Tasse alors se mit à sourire et ajouta qu'une simple planche suffisait pour recouvrir sa fosse. Puis il se retourna vers le P. Ga- briel Toritti, son confesseur; lui disant ; « Mon Père, écrivez « que je rends kDieul'ame qu'il m'a donnée, mon corps à la « terre d'où il est sorti, choisissant pour sépulture l'église « de Sant' Onofrio, et fais héritier de mes biens de fortune « le cardinal Cinzio, le priant de faire remettre au signor « Giambattista Manso, cette petite tablette où il m'a fait pein- « dre et qu'il m'a seulement prêtée. Je donne à ce monastère « cette image sacrée de mon bien-aimé rédempteur ! » et en prononçant ces mots, il prit entre ses mains un crucifix de métal qu'il tenait au chevet de son lit, œuvre d'art remar-