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                      HISTOIRE DE CHARLIEU.                        265
ce dernier s'était porté caution pour les habitants de Charlieu,
et à leur demande, vis-à-vis du seigneur de Beaujeu, dont ils
avaient maltraité quelques officiers (on ne dit pas pour quel
motif). Les bourgeois refusèrent de se soumettre à l'arbitrage
qu'ils avaient accepté, et induisirent le monastère en des frais
considérables, estimés à plus de mille livres. Condamnés ensuite
par la cour du prieur à lui rembourser cette somme, ils s'y
refusèrent constamment. Le prieur se plaignit à l'abbé de Cluny,
qui, étant venu sur les lieux, fit citer plusieurs d'entre eux à com-
paraître devant lui ; mais les bourgeois ne se montrèrent pas
moins récalcitrants vis-à-vis de l'abbé que vis-à-vis du prieur,
et celui-là les ayant condamnés à garder les arrêts dans le cloître,
ils ne tinrent aucun compte de son commandement, et s'en
allèrent, après avoir déclaré, qu'ils en appelaient de son juge-
ment.
    Ils ne s'en tinrent pas là. Lorsque la nuit fut venue, et pen-
 dant que les moines dormaient, les bourgeois vinrent en foule
 et armés devant le cloître, et l'entourèrent d'un fossé et de forti-
fications, afin que personne ne pût en sortir ; ils lancèrent même
 des flèches et des carreaux aux moines et à leurs serviteurs lors-
qu'ils se montrèrent. Il n'y avait pas de vivres dans le couvent :
les bourgeois défendirent d'y en laisser entrer, déclarant qu'ils vou-
laient faire périr les moines de faim. Ils construisirent ensuite un
trébuchet et un mangonneau dirigés contre l'église, et élevèrent
des fortifications sur la grange du monastère, après avoir em-
porté le grain qui s'y trouvait, ainsi que dans d'autres maisons
des moines. Enfin ils s'organisèrent en commune, ou association
jurée, et firent proclamer par la ville la déchéance du pouvoir
des moines, défendant qu'on eût dès lors recours à ces derniers,
et ordonnant que tout se fît par l'ordre des bourgeois. Comme
ils n'avaient pu s'emparer que de quelques clefs des portes de
la ville, ils en firent faire d'autres à la place de celles qui étaient
restées entre les mains du prieur ou de son représentant. Pen-

succeda au prieur Girard , nommé dans des lettres d'Aymon , évêque de
Mâcon de 1219 à 1242.