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 126                   LE PÈRE DE LA GHAIZE.
 promoteur que M. de Toulouse avoit nommés en conséquence de
 l'arrêt du parlement, et du fond des ténèbres où il se tenoit ca-
 ché, insulta à toutes les puissances. Son audace alla si loin que le
 parlement de Toulouse lui fit faire son procès , et le condamna
 comme perturbateur du repos public et criminel de lèse-majesté,
 à être traîné par les rues et ensuite décapité. »
    Heureusement, la sentence ne fut exécutée qu'en effigie.
    Pendant plusieurs années ce conflit d'attributions ne cessa de
troubler le royaume et la paix de l'Eglise, il suscita les plus fâ-
cheuses difficultés entre la cour de France et celle de Rome, et
finit par engager le clergé français dans une voie d'hostilité qui
aboutit à la fâcheuse déclaration de 1682.
    Au moment où naquit ce différend, le siège apostolique était
occupé par Innocent XI, de la famille Odesealchi. « Tête altière,
intelligence active , quoique sans éducation première, et portant
partout l'inflexibilité de sa vertu, le nouveau pape était austère
et pieux ; mais il n'avait rien en lui qui pût justifier le mot de
Machiavel : « L'univers appartient aux esprits froids        » Atta-
ché du fond des entrailles aux droits du Saint-Siège, Innocent XI
les soutenait avec une âpreté de formes et une rigueur de pro-
cédés qui devaient vivement blesser les susceptibilités d'un prince
à qui 1P France vouait une espèce de culte (I). »
    Tel était le pontife devant qui les évêques d'Aleth et de Pa-
miers portèrent leurs plaintes. Le pape, convaincu de la justice
de leur cause, et quoique l'un d'eux fût partisan signalé des doc-
trines de Jansénius, embrassa leur défense avec son ardeur habi-
tuelle , et au lieu de « se présenter comme médiateur entre les
deux parties, il se constitua arbitre suprême du différend (2). »
« La sagesse seule , ajoute le savant historien de la Compagnie
de Jésus, pouvait concilier des opinions si divergentes. Inno-
cent XI ne consentit pas à rester dans les bornes qu'elle lui pres-
crivait. Sans se rendre compte de la disposition des esprits en
France, il adressa au roi, à l'archevêque de Toulouse et au cha-


  (1) Hist. de la Compagnie de Jésus, par M. Crétineau-Joly, t. 4, p. 361.
  (2) Hist. de la Compagnie de Jésus, par M. Crétineau-Joly.