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DE LA PHILOSOPHIE DE 1,'HISTOIRE. 297 loi. Sous cette mélopée sonore des mots de liberté et de fatalité, ne découvre-t-on pas le non-sens? Si la liberté existe, c-'est que la fatalité n'existe pas, et il ne nous est pas donné de concevoir comment ces deux principes, dont l'un est la complète négation de l'autre pourraient se déployer ensemble. On doit donc commencer par rabattre beaucoup de l'idée de la fatalité, et il ne faudra plus voir, sous cette ex- pression métaphorique, que les obstacles, les résistances au milieu desquelles l'homme cherche a développer ses fa- cultés, a servir les vœux de sa nature physique et morale. C'est dommage déjà pour le système qui en perd son air mystérieux de manichéisme et sa façade la plus imposante. Puis, comprenez-vous ce que serait un jour la liberté hu- maine a laquelle il ne manquerait plus rien, qui ne connaî- trait plus d'entrave , qui s'affranchirait complètement des influences oppressives de lieu, de climat et de race, comme si les différences de races pouvaient s'éteindre, celles de climats s'amortir, celles de lieux disparaître. Autant nous dire que les pôles seront arrachés un jour de leur axe, que les tropiques seront désarmés de leurs brûlants rayons et que le troupeau des gracieuses antilopes pourra errer sans difficulté sur les montagnes de glace du cercle antarctique. On a du reste fort justement reproché a ce système, qui met en présence la' liberté et la fatalité, de se résoudre dans l'in- différence universelle, puisque ce serait un décret souve- rain qui aurait mesuré successivement à la liberté et a la fatalité leurs doses, et que l'homme n'y pourrait faire de changement. Tout cela n'est évidemment que jeu d'esprit, que couleur poétique, que surprise faite un instant par l'art de l'écrivain a l'inattention du lecteur, et ne peut prendre, même de loin, le nom de philosophie ou de science. Peut-être serait-ce chez Guillaume de Humboldt que nous trouverions encore les vues générales applicables à la phi-