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AU XViHe SIÈCLE. 211 son règlement en l'honneur de l'auteur de Y Histoire naturelle, comme on le voit dans la lettre a Charles Mathon de la Cour, par laquelle Buflon remercie l'Académie de Lyon (1). Les associés les plus illustres tenaient 'a honneur de se faire re- cevoir en séance publique et de remercier eux-mêmes l'A- cadémie qui avait bien voulu les adopter. Donnons, Messieurs, un souvenir a ces nobles hôtes dont les noms glorieux se mêlent à notre histoire, et rappelons nos grandes solennités littéraires du xv«ie siècle. Racine fils ayant été nommé directeur des gabelles a Lyon, où il se maria et résida quelques années, l'Académie s'em- pressa de se l'associer. Que de douceur et de charme, quel amour des muses, quelle admiration profonde pour le génie de son père dans le discours par lequel il remercia l'Aca- démie, et dont voici quelques passages (2) : « Qu'avez-vous a attendre de moi, et que vous puis-je ap- porter, si ce n'est un nom illustre a la vérité, mais dont la gloire fait ma honte, lorsque je considère combien je suis éloigné de la soutenir Fatigué justement de ces occupa- tions stériles a l'esprit auxquelles je suis contraint de me livrer tous les jours, je pourrai du moins, une fois la semaine, venir me reposer parmi vous, c'est-a-dire dans le sein des muses, et leur rendre cette légère partie d'un temps qui leur fut consacré dès ma naissance, et qui leur serait entièrement dévoué, si j'avais été le maître d'en disposer. La fortune n'a point voulu m'accorder cette heureuse liberté, etc. (3). » (1) Voir la lettre de Charles Mathon de la Cour et la réponse de Buffon, Dumas, I, p. 162. (2) Séance du 14 mars 1730. (3) Il exprime les mêmes sentiments dans une lettre à J.-B. Rousseau, du 8 octobre 1731 : « Vous avez raison de me regarder comme un déser- teur des muses, et d'être surpris d'apprendre que j'ai fait un poème sur la religion, moi qui suis dans la carrière delà finance. Comme ce n'est point