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                         DE GUICHENON.                         19

   A Guichenon, alors premier syndic , échut la tâche de
poursuivre la réalisation des résolutions et des vœux de la
ville, consignés dans la délibération du Conseil général du
3 novembre 1638. Celte tâche était loin d'être aussi facile à
remplir qu'elle semblait l'être au premier abord. L'autorisa-
tion de remplacer la mission par la résidence devait émaner
directement du roi, et depuis seize ans celte autorisation
était réclamée sans succès. Cependant Louis XIII avait cons-
tamment favorisé les Jésuites et rendu impuissante l'opposi-
tion incurable du Parlement contre leur ordre. La protection
du cardinal de Richelieu leur paraissait acquise, et l'on se
rappelait sa réponse énergique aux protestants venant lui
demander l'abolition de la Compagnie de Jésus :
   Vous pensez nuire aux Jésuites et vous leur servez grande-
ment, n'y ayant personne qui ne reconnaisse que ce leur est
grande gloire d'estre blasmés de la bouche même qui accuse
l'Eglise, qui calomnie les saints, fait injure à Jésus-Christ et
rend Dieu coupable. Ce leur est véritablement chose avanta-
geuse, nous le voyons par expérience en ce que, outre les consi-
dérations qui les doivent faire estimer de tout le monde, beaucoup
les aiment particulièrement parce que vous les haïssez.
   On ne s'expliquait pas, à Bourg, comment, en présence de
dispositions aussi favorables de la part du roi et de son mi-
nistre, toutes les requêtes de la municipalité, au sujet des
Jésuites, bien que revêlues des signatures des notables de la
ville et de la province, et chaudement apostillées par le prince
de Condé, gouverneur de Bourgogne, ne donnaient lieu qu'à
des réponses toujours dilatoires et évasives.
   Avant Louis XIV, et avec autant de fondement que ce
monarque superbe, Richelieu a pu prononcer cette étrange
et fière parole : L'Etat, c'est moi! Jamais autant que sous ce
grand et redoutable ministre l'autorité suprême, concentrée,
incarnée dans un seul, ne revêtit des formes plus absolues,