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                         LITTÉRATURE.                     40I>

La semence fructifia si rapidement que les hommes étrangers
au christianisme subissaient, sans le savoir, l'influence de
son enseignement. On a même soupçonné des relations entre
Sénèque el l'apôtre saint Paul. La morale des stoïciens, en
raison de sa sécheresse, ne satisfaisait pas les sentiments du
cœur; mais les esprits élevés y trouvaient un refuge. Un
secrel inslincl poussait à la résistance; on sentait vaguement
que l'état de choses tendait à sa fin, et les dieux, qui s'en
allaient, ne pouvaient donner la solution du problème:
   Die mihi, Calliope, quidnam pater ille deorum cogitai ?
   Dis moi, ô Muse, à quoi pense le père des dieux?

    C'est ainsi que s'exprimait Sulpicia — Quœ castos docet et.
pios amores, M art. x. 35, qui ne chantait que de chastes el
 tendres amours — à l'occasion du décret de Domitien, qui
 proscrivait l'intelligence, dans la personne des philosophes et
 dans leurs œuvres.
    Malgré la guerre récente faite aux classiques latins, on dé-
couvre cependant chez eux, et sans beaucoup chercher, une
mine féconde de moralité et de bon sens. Il s'agit seulement
d'opérer un triage, ce qui a lieu dans les éditions expurgées,
à l'usage de la jeunesse; car la langue latine est peu chaste
et nomme crûment chaque chose par son nom. Si notre
littérature de feuilleton, représentée par les romans à quatre
sous, si cette grande corruptrice du goût, et par conséquent
de la morale, était signalée un jour comme le seul produit
de l'intelligence française de notre époque, une telle assertion
serait assurément le résultat d'une profonde ignorance. Il en
est de même des œuvres des anciens: il faut y savoir faire
la part du bon et du mauvais.
   Parmi les écrivains qui se distinguèrent pendant la déca-
dence romaine, Perse tient certainement un des premiers
rangs. Il vécut sous les règnes de Claude et de Néron, et