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DE L'EMPLACEMENT DE LDNNA. 389 « émise; il est bien évident qu'étant sur le terrain, vous « avez dû y trouver des lumières que mes cartes n'ont pu « me fournir (1). » Après un pareil témoignage, il semblait que c'était un point complètement réglé et qu'il n'y avait plus à s'en occuper. Mais il n'en devait point être ainsi ; cette longue série de phases diverses par lesquelles la question avait passé, allait être couronnée par le plus étrange et le plus imprévu des incidents. La mystérieuse Lunna, si longtemps cherchée, qu'on avait crue enfin définitivement retrouvée, a paru tout-à -coup sortir de son tombeau, comme pour se jouer encore des antiquaires et des géographes et leur préparer de nouvelles tortures. Au mois de mai 1853, les ouvriers du chemin de fer de Paris à Lyon, en creusant une tranchée profonde non loin et un peu au nord des Tournelles de Flandres, mirent a découvert les ruines d'une ville gallo-romaine dont personne jusqu'alors n'avait soupçonné l'existence. On y trouva un très-grand nombre de monnaies anciennes dont quelques- unes étaient gauloises et la plupart romaines. Cette cir- constance ne pouvait laisser aucun doute sur l'antiquité des ruines qu'on avait sous les yeux. Plusieurs traces d'in- cendie annonçaient qu'elle avait péri par le feu. M. Peyré (2) fut le premier qui fit connaître cette importante découverte dans un article fort remarquable publié par la Revue du Lyonnais du mois de juin de la même année. Suivant son expression, «Après quinze siècles d'oubli, une ville sans nom se produit au grand jour. » Il constate son enfouisse- ment à quelques mètres de profondeur « sans laisser, dit-il, (1) Sa haute impartialité ne s'est poiul arrêtée là , et c'est sur son rapport que l'Institut a décerne, en 1847, une mention honorable à cet opuscule. (2) Ancien magistrat, ancien membre du Conseil général du département du Rhône.