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372                         BIBLIOGRAPHIE.
tion des répétitions qui abondent dans les chansons de geste.
    « Lorsqu'on a essayé de la résoudre, dit M. Fauriel, en suppo-
sant que ces divers couplets, qui répètent jusqu'à trois reprises
la même chose, étaient des restes de romans perdus sur le
même sujet, il a fallu reconnaître que cette explication ne sau-
rait convenir à tous les récits, comme, par exemple, dans Gé-
rard de Roussillon, au meurtre de Terric, raconté dans douze
 couplets avec des variations considérables, à travers lesquelles
on ne peut démêler quelle est la rédaction primitive et sans qu'on
 doive certainement en conclure qu'il y eut en l'honneur de Gé-
rard et même de Terric , dix ou douze romans différents. Peut-
 être sur ce point, comme sur beaucoup d'autres, est-il sage d'at-
 tendre des parallèles entre un plus grand nombre de textes, et
 surtout des textes nouveaux. »
    Je n'ai pas la prétention de trancher une difficulté qui arrête
les meilleurs esprits, et devant laquelle M. Fauriel hésite, mais
je ne puis m'empêclier de répéter ce que j'ai dit ailleurs au sujet
des comédies et des mystères.
    Quelques-uns de ces drames simples et peu compliqués à leur
 origine, atteignirent, par suite d'additions répétées et succes-
sives, le chiffre énorme de soixante et de quatre-vingt mille vers.
Ils étaient ce que nous appelons de nos jours des pièces à tiroir,
auxquelles il était facile d'ajouter ou de supprimer des scènes
entières. Je crois que la farce de Pathelin elle-même a subi,
comme les autres drames souvent représentés, les mêmes ac-
croissements , les mêmes modifications ; accroissements et mo-
difications inséparables de la transmission orale et manuscrite,
la seule possible avant l'invention de l'imprimerie.
   Ce qui est vrai pour la comédie et les drames est vrai égale-
ment pour les romans et les poèmes héroïques.
   Le Jongleur ou le Ménestrel récitant Gérard de Roussillon dans
la salle du festin du roi Jean ou dans le manoir d'un puissant
baron, faisait ce que firent plus tard les clercs de la bazoche et
les confrères de la Passion, il intercalait son couplet, sa version
au milieu des couplets d'un poème déjà altéré et modifié par
d'autres. Souvent même il lui arrivait de choisir, parmi les diffé-