page suivante »
DE LA PHILOSOPHIE DE L'HISTOIUE. 205 vaste empire et ménager l'hérédité du sceptre dans sa famille. Que le héros échappât à cet accident de santé vulgaire, qui peut dire si la monarchie macédonienne ne se serait pas dressée, avec quelque force de durée, contre Rome naissante et que les destinées du monde n'eussent pu en être changées? On n'est donc pas dans le vrai de la question, lorsque à l'aspect d'un certain nombre de données telles que celles qui résultent des faits indiqués tout à l'heure, on affirme que les événements ne pouvaient avoir une issue autre que celle à laquelle ils ont abouti. 11 faut voir que toutes les chances qui dépendent du libre arbitre de l'homme ou du dessein de la Providence ont eu besoin de s'entre mettre et que c'est l'a ce qui a laissé agir les mobiles connus. En dehors de la liberté humaine, mystérieusement accompa- gnée de l'action de la Providence divine, il ne peut y avoir que la fatalité. C'est elle que Herder tend a donner pour règle a l'histoire, en nous courbant sous des puissances de la nature extérieure par lesquelles tout serait expliqué; et, avons-nous besoin de l'ajouter, le système de la fatalité ne demande qu'une pulsation du cœur ou un mouvement de la conscience pour le démentir. Après cet éclatant insuccès des deux grandes tentatives de Vico et de Herder pour saisir la loi générale de l'histoire, l'intérêt diminue. Aussi, les derniers essais dont il nous reste a parler nous permettront d'être plus bref. M. Cousin, dans le cours qu'il a professé en 1828, a posé les bases d'une philosophie de l'histoire. Nous avons le regret de dire qu'elle ne constitue pas la meilleure partie de ses œuvres. Aujourd'hui que les idées allemandes, dont c'était alors le beau moment, ont décidément perdu chez nous leur vogue, il est difficile de relire, sans un peu d'é- tonnement qui fasse tort a la renommée de l'éminent écri- vain, les pages dans lesquelles se développe son commen-