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296 DE LA PHILOSOPHIE DE L'HISTOIRE. taire inspiré de Hegel sur le fini et l'infini. A en croire M. Cousin, l'histoire déroule trois grandes époques, ni plus ni moins, dit-il, et le compte en est affirmé de manière à défier toute chance d'erreur. La première époque représente l'infini, la seconde le fini, la troisième le rapport du fini U l'infini. Malheureusement, tout cela ne représente rien de fort clair, de sérieusemeut acceptable, de marqué au coin de la vérité philosophique dont toujours le bon sens fournit quelque indice et paie en secret un a-compte. Ce sont des abstractions d'une symétrie étudiée où, sur la foi de vains raisonnements, l'illustre professeur veut retrouver dans l'his- toire de l'humanité les trois catégories qu'il a vues dans la pensée humaine. La théorie n'a pas fait fortune. Si nous nous prenions à citer tels passages de définitions laborieuses et plus qu'embarrassées sur ce que peuvent être pour l'humanité ces trois fameuses époques de la procession du fini et de l'infini, apparemment on nous soupçonnerait d'a- voir voulu décerner la palme k la touche aisée, élégante et délicieusement correcte de l'historien de Mesdames de Lon- gueville, de Sablé, d'Hautefort et de Chevreuse, et nous ne donnerons pas une occasion de croire que nous plaidons en faveur de la galanterie ou même de la littérature, la cause de l'infidélité a la philosophie. M. Michelet a-t-il été plus heureux, lui qui avait donné à l'histoire le confin verdoyant et fleuri de la poésie, et qui prenait si souvent chez le voisin, jusqu'à ces derniers temps où ses larcins ont passé la mesure de la maraude la moins excusable ? A ses yeux, l'histoire est le récit de la lulte en- tre la liberté et la fatalité. L'humanité s'en tire comme elle peut, pressée par ces deux forces qui se font la guerre. La liberté doit finir par être victorieuse, et l'homme atteindra k la liberté parfaite quand il ne sera plus soumis ni a l'homme ni k la nature, mais seulement k la raison et k la