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DE LA PHILOSOPHIE DE L'HISTOIRE. 289
tisans. On profite çà et la de ses vues ingénieuses ou pé-
nétrantes sur l'histoire ; sa donnée fondamentale, personne
ne l'admet. Comment croire en effet, suivant la piquante ex-
pression de Jouffroy, que la civilisation soit non pas une
chose qui marche, mais une chose qui tourne ? Est-ce une
loi soutenue vers son but définitif et telle qu'il est permis
de l'augurer de la grandeur des desseins de la Providence,
que ces rechûtes continuelles de la civilisation dans la bar-
barie et ce retour constant des nations a la succession des
trois âges divin, héroïque et humain ! Vico veut-il dire que
toujours une aristocratie brutale et oppressive sera obligée
de céder devant les résistances et les réclamations éclai-
rées de la masse d'une nation? Veut-il dire que toujours
le danger pour les démocraties sera de pencher a l'abus
de la liberté, à la licence, à l'anarchie? que la monarchie
qui relie le faisceau des pouvoirs sera toujours un remède a
la discorde des factions, au conflit des ambitions particulières,
aux autres vices enfin qui empêchent les républiques de se
gouverner? Nous serons pleinement de son avis. Nous
reconnaîtrons par l'a que les mêmes causes produisent in-
cessamment les mêmes effets, et nous ne ferons que ren-
dre hommage a des vérités de la politique que nous eussions
trouvées tout aussi bien a l'école pratique de Montesquieu
et de Machiavel. Mais la politique avec ses maximes est
profondément distincte du plan général que peuvent suivre,
d'après les décrets de Dieu, les diverses civilisations. Vico
n'est point autorisé a nous donner cela comme la loi de
l'histoire, a moins que l'histoire n'ait pas de loi et que tout
ne se réduise à quelques axiomes de la politique se véri-
fiant par une constante application.
Vico se trompe d'ailleurs dans la base même de son sys-
tème. Non, le penseur napolitain ne peut avoir raison.
La barbarie n'est pas le pivot éternel des sociétés. Où pren-
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