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DE LA PHILOSOPHIE DE L'HISTOIRE. 283 Chmtus! » Le chrétien, attentif aux promesses de la foi, est fondé à espérer que les barrières du temps et de l'es- pace et la séparation même des individus qui se voyait en cette vie, ne l'empêcheront pas de se rejoindre un jour a ses semblables , pour entrer avec eux dans une certaine communion au corps du divin médiateur. Ceci est la notion mystique de l'Eglise. Mais outre qu'il s'agit de ce qui doit suivre cette vie, le Christianisme, en nous proposant ce mys- tère, n'a jamais enseigné que l'individualité humaine dût cesser et bien au contraire il la fait persister pour les conséquences d'immortalité et de justice qui au-delà du tombeau nous atten- dent. Il y a donc une illusion, dont rien ne peut fournir le prétexte ou l'excuse, a fondre ici-bas la suite des généra- tions humaines dans la supposition d'une personne parti- culière, d'un être spécial qui sous le nom d'humanité serait appelé à parcourir les stades successifs de la carrière de la perfectibilité. 11 faut se guérir de cette superstition en vérité trop grossière, qui fait le fond de tant d'écrits et d'o- pinions de notre temps. Appuyés a la raison, a la conscience, au sentiment religieux, nous devons ne pas laisser ébranler la vérité qui, dans l'ordre des destinées humaines, est la première de toutes, a savoir que le but existe avant tout pour l'homme comme individu, comme personne morale libre et responsable ; de telle sorte que si l'ensemble des so- ciétés humaines a aussi un but qui s'accomplisse dans le cours de l'histoire, celui-ci ne peut être que fort secondaire comparativement au premier, et doit laisser sauve, intacte, debout dans toute son intégrité, l'individualité humaine avec sa grandeur et sa fortune propres. Si cette première partie de la doctrine de la perfectibilité indéfinie n'est pas faite pour nous persuader , voyons la se- conde. Que faut-il penser du but vers lequel la doctrine nous dirige? nous avons rapporté déjà que le but serait pour