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DE LA PHILOSOPHIE DE L'HISTOIRE Discours de réception prononcé le 3 février, dans la séance publique de l'Académie impériale des sciences, belles-leltres et arts de Lyon, PAR M. GILARDIN. (Suite et fin). L'humanité, quelle est cette femme ? demande de Maistre avec sa brusque originalité. L'humanité ? Tel écrivain anglais vous dira que c'est un être qui ne vit que par la force des poumons des docteurs s'évertuant a lui insuffler de l'exis- tence. Admirez ces prouesses qui ont donné dans les ex- trêmes les plus opposés de l'art magique de la fabrication humaine. Est-ce que ceux qui de nos jours assemblent dans les airs les membres gigantesques du fantôme de l'huma- nité ont beaucoup à envier à la petite fiole dans laquelle les alchimistes se flattaient de renfermer l'homunculus ou homme en miniature, obtenu par les procédés de la chimie spagyrique? simple différence de l'image fantasmagorique depuis le point où elle est encore insaisissable jusqu'à l'é- panouissement fugitif où on ne peut plus la saisir. Le bon sens nous crie a tous que l'humanité est une abstraction, qu'elle n'est pas un être, qu'elle ne saurait par conséquent avoir une destinée morale particulière, que c'est jouer sur les mots de se la représenter comme une personne collec- tive tendant incessamment sur cette terre a une forme d'existence meilleure. On ne fait que défigurer ainsi une notion qu'il faut laisser 'a l'ombre translucide et imposante du sanctuaire. Saint Paul a dit : « Numquid divisus est