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EXPOSITION D 1857. E 277 Sous le n° 130, M. Chevalier a exposé un coin de la nature qui séduira peu de monde, mais qui n'en est pas moins rendu avec un grand talent ; le site choisi est un terrain gris avec une mare sur le premier plan. 11 y a là une étude réaliste dans la bonne acception du mot. Si vous préférez l'idéal et la poésie, trans- portez-vous au n° 128 du même auteur, et vous admirerez comme nous la distinction du motif, une harmonie un peu grise, mais fine et lumineuse, ainsi qu'une pureté de dessin et une sua- vité de lignes qui font de cette œuvre une des meilleures que nous ayons vues de ce consciencieux artiste. Le sentiment idéal et poétique d'une nature choisie est princi- palement le côté remarquable du talent de paysagiste de M. Ser- van. Nous avons cette année à le féliciter sincèrement pour son grand paysage qui porte le n° 56S. Il y a évité les teintes noires et bitumineuses, qui font tache avec les parties éclairées ; le choix du motif est heureux et distingué, et, sauf une exécution un peu maigre et uniforme, on ne peut que le louer beaucoup pour l'en- tente de l'ombre et de la lumière, ainsi que pour la transparence des eaux. M. Girardon n'a pas besoin de l'indulgence qu'on accorde ordinairement aux amateurs ; c'est un artiste, et un artiste qui fait chaque année des progrès sensibles, bien qu'il use un peu fréquemment des sites empruntés aux bords du Rhône. Nous avons de sincères félicitations à lui adresser pour la façon remar- quable avec laquelle il a réussi son effet de soleil levant sur les ruines du château de Grignan, les premiers plans sont un peu faibles, mais le tableau est d'un bon effet et d'un dessin irrépro- chable. Les mêmes qualités se retrouvent, à des degrés différents, dans ses autres toiles ; nous n'avons pas à nous en occuper d'une manière spéciale. M. Carrand a exposé deux paysages, sans autre désignation l'un avec un effet du matin, l'autre avec un effet du soir ; tous deux se distinguent par un aspect saisissant de vérité : il y a dans le premier, sur une végétation mouillée de rosée, un mi- roitement argenté, produit par les premiers rayons du soleil, qui est rendu avec le plus grand bonheur ; et dans le second, les