Revue du Lyonnais » série 2 - n°14 ( 1857 ) » pp.278

278                   EXPOSITION DE d 8 5 7 .
teintes chaudes d'un soleil mourant se reflètent sur tous les
objets avec cette harmonie sourde qui caractérise l'heure du
crépuscule.
   Pourquoi M. Viot, qui a certainement beaucoup de talent,
et qui sait trouver de si jolis motifs, ne peut-il arriver à réunir
la couleur au dessin? Ses tableaux ont une certaine coquetterie
qui séduit la masse du public, mais où la critique ne peut moins
faire que.de signaler une teinte roussâtre très-désagréable à l'œil.
   M. de Serres, qui avait exposé l'année dernière un paysage
un peu froid, mais de grande allure, nous en a montré deux
cette année qui nous ont frappé par la monotonie d'une couleur
noirâtre, sous des ciels complètement dépourvus de lumière.
   Les nombreuses toiles de M. Ponthus Cinier occupent une dou-
zaine environ de numéros sur le livret de l'Exposition. Nous en
signalerons particulièrement trois : Rome vue de la villa Borghèse,
Népi au matin (Etrurie), et la rivière d'Ain près Poncin, où nous
retrouvons les qualités et les défauts de cet habile artiste.
   Le grand paysage Intérieur de forêt, par M. Castan, est une
œuvre importante qui témoigne d'une main habile, mais où l'on
n'aperçoit pas une recherche consciencieuse et vraie de la nature;
c'est de la manière au premier chef; le ton bleu du ciel surtout
est essentiellement faux.
   Le coucher de soleil de M. Bossuet, dans son Moulin à eau
arabe est extraordinairement réussi : les murailles de construc-
tion mauresque rutilent sous un ciel étincelant de lumière, tandis
que les parties d'ombre chaude et transparente concourent à
faire de ce tableau un des meilleurs paysages de l'Exposition.
    L'Abreuvoir de M. Keelhoff se fait remarquer par le rendu
 des terrains, la transparence des eaux et l'heureuse distribution
de la lumière.
    Nous aimons beaucoup la nature du talent de M. Vernay;
il y a chez ce jeune artiste une recherche réelle et conscien-
cieuse de la vérité, qui a produit surtout un excellent résultat
dans les deux tableaux de la petite vallée de Rochecardon et un
 Troupeau ; c'est d'une réalité complète et d'un grand charme de
couleur.