Pour une meilleure navigation sur le site, activez javascript.
page suivante »
244                    LE PÈRE DE LA CHAIZE.
    Cette époque est celle de la plus haute faveur du P. 4 e la
Chaize. L'année même de son mariage avec Madame de Mainte-
 non, le roi fut atteint d'une grave maladie. Une tumeur qui lui
était survenue finit par se changer en fistule, et il dut se résou-
dre à subir ce que l'on nommait alors la grande opération « tant
elle inspirait de la crainte, dit M. de Noailles, et tant elle était
en effet dangereuse à cause du peu de progrès qu'avait encore
fait la chirurgie. » Le roi ne se dissimulait pas la gravité du mal,
mais pour ne jeter aucun trouble dans le royaume et pour couper
court à tous les calculs que pourraient faire en Europe ses enne-
mis, il garda si bien le secret que la maladie et l'opération ne
furent connues qu'après son entière guérison. Il n'y eut dans la
confidence que Madame de Maintenon, M. de Louvois, le P. de
la Chaize, Daquin, premier médecin du roi et Félix son premier
chirurgien. « La veille de l'opération, Louis XIV s'était pro-
« mené dans ses jardins selon sa coutume, et le matin du jour
« fixé, 18 novembre 1686, on le trouva endormi profondément,
« comme s'il ne se fût agi de rien. » Le P. de la Chaize fut ap-
pelé le premier dans sa chambre, et le roi, après avoir mis en
règle sa conscience et s'être recommandé à Dieu, se livra aux
mains de son Chirurgien et supporta cette douloureuse opéra-
tion avec le plus grand courage, sans qu'il lui échappât une seule
plainte. (1) « M. de Louvois lui tenait la main et Madame de
Maintenon était à la cheminée. » L'opération n'ayant pas réussi
comme on l'espérait d'abord, il fallut quelques jours après y
revenir jusqu'à trois fois, sans que pendant ce temps-là le cou-
rage de Louis XIV se démentît jamais. La guérison fut lente ;
le P. de la Chaize ne quitta pas un seul instant le royal malade et
lui prodigua les soins et les consolations les plus tendres. Tou-
ché de son pieux dévoûment, le prince eut désormais pour lui
une confiance et un attachement sans bornes.
   A partir de ce moment, le P. de la Chaize fut seul chargé de

   (1) Hist. de Madame de Maintenon, par M. le duc de Noailles; -voir aussi
le liécit de la grande opération faite au roi Louis XIV, en 1686, par
3. A. Leroy, bibliothécaire de Versailles, 1851.