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236            DE LA PHILOSOPHIE DE L'HISTOIRË.

MM. Pierre Leroux, Lamennais, Lerminier et Ortolan. Abs-
traction faite de divergences secondaires dont il serait inu-
tile de rendre compte, tous ces écrivains admettent un per-
fectionnement sans limite de l'homme et de la société. Nous
avons a voir si cette conception peut donner à la philosophie
de l'histoire une base plus solide.
   La première condition pour que la perfectibilité indéfinie
de l'homme et de la société ait son cours, c'est que notre
monde où la chose doit se passer, soit lui-même indéfini
dans sa durée, c'est-h-dire éternel. Or, l'assertion de l'éter-
nité terrestre ne serait-elle pas un peu hasardée? Comment
s'y prendrait-on pour démentir le sentiment confirmé par
le Christianisme, autorisé du chant des poètes, qui nous fait
croire que le globe que nous habitons sera un jour détruit?
Qui de nous ne dit pas avec Lucrèce :
          Una dies dabit exilio ; mullosque per annos
          Sustenlata, ruet moles et machina mundi.

   La science elle-même n'incline-t-elle pas a notre pressen-
timent? Elle a eu ses peurs astronomiques quand Newton
crut découvrir dans la marche des planètes une cause per-
turbatrice qui exigerait que quelque jour le grand ordonna-
teur des cieux remît la main h son ouvrage. Encore h l'heure
qu'il est, elle agite des hypothèses menaçantes et elle garde,
au dire de quelques-uns, une certaine appréhension que .
notre globe ne s'use a rouler en chassant devant lui un fluide
dissolvant dans l'espace. Nous ne sommes pas sans doute
à la veille d'une déconvenue si prochaine que nous l'annonce
le prédicateur écossais, le révérend Cumming, qui nous fixe
à 1865 l'époque de la fin du monde, et qui donne l'alerte a
tant de bonnes gens jalouses en ce moment de profiter d'un
dernier répit sur notre terre près de défaillir. Mais enfin
nous nous sentons assez de raisons de penser que ce globe
ne doit pas être éternel, et ceci suffirait déjà, comme on