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M LA PHILOSOPHIE DE L'HISTOIRE. 238 dégager le système du réseau compliqué de formulçs dont Hegel l'a surchargé, du manteau poétique dont Ta rehaussé Schelling et de la déclamation mystique qui est le ton de Fichte. On court le risque a de telles réfutations de paraître s'ar- rêter dans la superfluité du lieu commun et se plaire dans un thème rebattu que tout le monde vous concède. Pour- tant nous ne serions pas sans excuse. Ce germanisme pan- théistique, nous né saurions assez le dire, a profondément agi sur notre génération présente. Sa teinte est encore vi- sible sur beaucoup d'opinions. Ce n'est pas exagérer que d'avancer que pendant près de trente ans, il a été l'âme de notre littérature dans les journaux, dans les revues, dans les romans, dans les livres de doctrine philosophique. Autant les systèmes allemands étaient peu compris dans leur ensemble, protégés qu'ils étaient par leur métaphysique qui n'est pas de notre goût et par la haie d'épines d'une barbare terminologie, autant les effluves mystiques qui s'en exha- laient s'insinuaient maîtresses au fond de nos esprits. Dans la patrie de Pascal, nos yeux n'ont pas été ouverts comme ils auraient dû l'être sur la ridicule conception d'un Dieu en train de se prouver h l'infini qu'il existe, sans pouvoir jamais venir a bout de toute la preuve* 11 est une autre doctrine moins blessante en apparence pour l'instinct religieux, moins attachée a quelques noms, moins travaillée en système, et qui, comme le jaillissement d'une sorte de foi philosophique, est devenue aujourd'hui assez commune. C'est d'autant plus le lieu d'en parler que nous n'y voyons qu'une nuance dérobée du panthéisme. Nous en venons à la loi de l'histoire prise dans l'idée de la perfec- tibilité indéfinie. La perfectibilité indéfinie a été professée par Price, Priestley, Turgot, Condorcet, et parmi les modernes, par