page suivante »
234 DE LA PHILOSOPHIE DE L'HISTOIRE. en périodes logiquement liées, d'y découvrir la loi d'une succession réglée et d'un progrès, d'assigner pour terme à ce progrès la constitution d'un grand Etat universel, qui serait le beau idéal de la politique, et où un Eden de félicité ouvrirait ses fleurissants bocages. D'où viendrait en effet que le progrès pût prendre pied dans le panthéisme? La simple succession des choses aurait seule droit de s'y placer. Là où l'ordre et le désordre, a vrai dire, n'existeraient même pas, car tout se réaliserait en vertu d'une légitimité égale et serait de la même façon manifestation divine, il serait parfaitement indifférent que tel événement surgît plus tôt que tout autre, qu'il vînt avant ou après, ici ou ailleurs, dans mille siècles ou aujourd'hui. On peut porter aux panthéistes qui se tiennent dans leur système le défi de -justifier leur assertion du progrès. Ils sont tout aussi inconséquents quand ils enseignent que dans ce monde, où à leurs yeux il n'y a ni dissonnance ni im- perfection, mais pure différence, pur contraste, pure va- riété,' l'histoire doit aboutir a un but qui serait la perfection sociale et la béatitude du genre humain. Est-ce que là où l'imperfection n'existerait pas on pourrait comprendre un chemin à faire par la longue et laborieuse route des siècles pour arriver a la perfection? Et puis, quand cette prétendue perfection aurait été atteinte, que le grand État universel aurait été constitué, que cette cité terrestre du droit et du bonheur aurait été une fois assise sur ses fondements éter- nels, que deviendrait, s'il vous plaît, l'autre type panthéis- tique, celui que nous nommons le type de la misère, de la souffrance, du désordre, du vice, du mal, type qui dans le panthéisme n'est pas moins nécessaire, moins normal, moins divin, hélas ! que le premier, et qui par conséquent en bonne logique ne saurait comporter d'élimination? Tout cela ne résiste pas un seul instant a l'examen, si on prend soin de