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DE LA PHILOSOPHIE DE L'HISTOIRE. 220 christianisme avait offensé leur Olympe et mis contre eux les dieux? La digression me tenterait et je voudrais dé- crire cet instant, si solennel dans l'histoire, où le saint évêque d'Hippone vient opposer l'une a l'autre la cité de la terre, ainsi ravalée dans le néant des grandeurs qui s'éva- nouissent , et la cité du ciel où Dieu recueille ses élus dans le nimbe radieux de la gloire éternelle. Vous jugez si saint Augustin triomphe alors avec le christianisme, dont il pré- sente l'explication a la fois historique et religieuse. Que son grand cceur a dû s'émouvoir de montrer, en une détresse si criante, à Rome et au monde, une patrie meilleure que celle qui se perd ! 11 trace a larges traits la loi de la prépa- ration et de la consommation des temps, telle que la foi la reçoit humblement des enseignements contenus dans les Ecritures, et Bossuet, sur ce point, n'aura plus eu qu'a co- pier. Tout est compris dans deux époques, la première qui avait dû préparer l'avènement de l'Homme-Dieu, la seconde, qui devra en développer les effets. Voila pour saint Augustin toute l'histoire. Que pouvait faire Bossuet, que d'énoncer à son tour la même idée dans une de ces puissantes formules familières a son génie. « Etre attendu, dit-il, venir êlre re- connu par une postérité qui dure autant que le monde, c'est le caractère du Messie. » Et c'est aussi, selon l'évèque de Meaux , le tableau de l'histoire universelle. Hippone et Meaux s'unissent dans la même doctrine. La déchéance, la réhabilitation comme extrémités des temps, l'incarnation du Christ comme milieu des temps, l'élection du peuple juif, la formation croissante de l'Eglise comme moyens, tel est le majestueux ensemble du dogme qui gouverne tout le cours des destinées humaines. Le reste, le petit côté des événe- ments , le détail infini des faits, continue de dépendre de Dieu, pour ce qui regarde ses voies particulières, mais ap- partient en même temps aux conseils de la politique. Sous