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220 L'ACADÉMIE DE LVON heureux, comme Deschamps ( 1 ) , les armes à la main. Quand au retour du calme et de toutes les espérances, sous le règne d'un de ceux qui avaient concouru pour le dernier de ses prix, l'Académie reconstituée se rassembla de nouveau pour la première fois, le 13 juillet 1800, quels ne durent pas être les sentiments de joie de ceux qui se trouvèrent réunis après tant de périls, après tant de terribles épreuves ; mais aussi quelle ne dut pas être leur tristesse au souvenir de ceux que l'orage avait emportés ! Combien sont empressées et touchantes les lettres par les- quelles d'illustres associés , déjà sur le bord de la tombe, tels que Servan, Ducis, Laharpe, répondent à l'annonce de cette résurrection de l'Académie et du renouvellement de leur association! L'Académie nouvelle ne devait pas être indigne de l'an- cienne. Avec les noms et les travaux de Marc Antoine Petit, de Camille Jordan, de Dugas Montbel, d'Ampère, de Revoil, de Richard, de Ballanche, tout le monde sait de quel éclat elle a brillé dans les commencements du xix" siècle; et si je n'avais pas le dessein de parler des vivants, combien ne trouverais-je pas parmi nous de noms déjà célèbres, dignes d'être placés à la suite de ceux que je viens de citer? Et cependant, Mes- sieurs, lorsque je compare le passé au présent, je me de- mande si nos honneurs académiques sont aussi recherchés qu'au xvme siècle , je me demande si l'Académie tient une aussi grande place dans la république des lettres et même dans la cité. A qui donc en est la faute? D'abord a la so- ciété au milieu de laquelle nous vivons, où semble s'éteindre le goût des lettres, mais aussi peut-être à nous-mêmes, qui n'avons plus, il faut bien le dire, l'esprit académique au même degré que nos pères. (1) Palerne de Savy fut le premier maire de Lyon ; Millanais et Des- champs, avocats du roi, furent tous deux députés à l'Assemblée consti- tuante.