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                            AU XVIIIe SIÈCLE.                            219

tion bizarre, j'aperçois cependant quelques lueurs de l'élo-
quence des proclamations du premier consul et de l'empe-
reur. Partout y respire ce noble enthousiasme pour Paoli,
qui agit si puissamment sur sa destinée en enflammant sa
jeunesse pour les grandes choses et pour les mâles vertus.
Là enfin, au milieu d'idées et de sentiments que doit changer
un jour la raison ou la politique, je trouve ces grandes pen-
sées d'organisation et d'assistance sociale, cet amour du
peuple qui seront commente caractère distinctif et comme l'âme
de sa dynastie(1).
   Ce remarquable concours de 1793 me conduit jusqu'au
dernier jour de l'ancienne Académie et aux limites de mon
sujet. La dernière séance, a laquelle n'assistaient que bien
peu de membres, eut lieu le 6 août, au commencement du
siège, a la veille des ruines et des massacres. L'Académie
fut elle-même décimée ; plusieurs de ses membres, comme
Palerne de Savy, comme Millanais , comme Joseph Mathon
de la Cour, périrent sur l'échafaud ; d'autres, moins mal-


   (1) Le manuscrit de Bonaparte, qui portait le n° 15, a depuis longtemps
disparu des cartons de l'Académie. Un passage de Napoléon en exil à Sainte-
Hélène (2 e édit., Paris, 1822, in-8,t. n, p. 152) explique cette disparition.
Voici en effet les paroles que M. O'Mearamet dans la bouche de Napoléon :
« Quand je montai sur le trône, bien des années après, je parlai de cela
par hasard à Talleyrand. Il envoya un courrier à Lyon pour chercher ce
morceau ; il parvint facilement à le retrouver. Un jour, comme nous étions
seuls, il tira le manuscrit de sa poche, et croyant me faire la cour, me le
remit entre les mains, en me demandant si je le reconnaissais. Je reconnus
aussitôt mon écriture, et je le jetai au feu où il fut consumé en dépit de
Talleyrand, qui ne put le sauver. Comme il ne l'avait pas fait copier aupa-
ravant , il parut très-mortifié de cette perte. » Mais il paraît que Napoléon
s'est trompé. Déjà, selon Norvins, une copie de ce mémoire avait été prise
par son frère Louis. Et c'est d'après cette copie qu'il a été publié, en
1826 , par le général Gourgaud , avec ce titre : Discours de Napoléon sur
les vérités et les sentiments qu'il importe le plus d'inculquer aux hommes. »