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                       L'JOTÀ.
Il avait plu : la terre était humide et glaise ;
Ecartant la pervenche et les touffes de fraise,
J'allai près d'un massif m'asseoir sur un vieux banc;
Les feuilles frétillaient à l'air; le muguet blanc
Agitait ses grelots dans l'herbe réjouie ;
Plus loin, la giroflée ardente, épanouie,
De grosses houppes d'or avait semé le mur ;
Les iris déployaient leurs bannières d'azur;
Et partout, sur la terre, au ciel, dans les calices,
Ce n'étaient que désirs et brûlantes délices,
Empressement de plaire, ivresse, effusions ;
Vivez ! criaient les fleurs ; vivez ! et les rayons,
Les vents et les parfjims, et la mouche qui vole,
Répétaient à l'envi cette même parole :
Vivez ! Lorsque soudain, d'un bond, hors du massif,
Un petit lézard gris, preste, effilé, l'œil vif,
S'élance, en gambadant sur les paillettes blanches
Qu'un prunier, près de là, laissait choir de ses branches.
Au vertige des fleurs on dirait qu'il prend part ;
Tout à coup, sous les buis, il avise à l'écart
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