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494 LA PAROLE DU SOLEIL. Un pauvre ver honteux que le jour effarouche ; Il le happe ; le ver se débat dans sa bouche, Mais le lézard le traîne au milieu du sentier Et, tronçon par tronçon , le mange tout entier ; Et longtemps, dans ses flancs qu'il soulève ou resserre, Dévoré mais vivant, se tord le ver de terre. — A cet instant, je crus voir courir un frisson Au front des fleurs, témoins de ce drame, mais non Pareille au papillon qui fuit sa chrysalide, Chaque fleur, de lumière et de caresse avide, Déchirait son bourgeon pour resplendir au jour; Les yeux de la pervenche exprimaient plus d'amour ; Le muguet aux soupirs des tendres violettes Mêlait un carillon de joyeuses clochettes; Et calice et rameau, vers le ciel relevés , Continuaient leur hymne et répétaient : Vivez ! LA PAROLE DU SOLEIL. Je ne luis pas pour mettre aux roses vaniteuses Des colliers de rosée et des larmes menteuses, Pour dorer des gazons le verdoyant émail ; Je suis le grand flambeau de l'atelier du monde; Au centre étincelant de la voûte profonde Je resplendis pour le travail. Debout donc, ô mortel ! à la bêche ! à la pelle ! Dans les champs de la vie où ma clarté t'appelle, Viens ; crée, à mon exemple, et l'utile et le bon ; Lie à mon rhythme d'or ton effort éphémère ; Je suis I'INFATIGABLE , et mon vieux peintre Homère M'a salué de mon vrai nom ! J. TISSEUR.