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                      INDUSTRIE LYONNAISE.



              Lettre au sujet de la culture des vers à soie.

            Monsieur le Directeur,

     Je ne crains point de vous importuner ou de fatiguer vos lecteurs en
  vous priant de favoriser par votre Reime la publicité de quelques observa-
  tions utiles et ingénieuses que M. Roux vient de me communiquer au sujet
  de la culture des vers à soie. Le nom de M. Roux est déjà une autorité
  dans le monde des éducateurs d'abeilles. Son petit livre de la Fortune des
  Campagnes est en bon chemin de renommée et il arrivera vite au but. Mais
 un esprit inventif et bienfaisant comme est le sien, ne pouvait s'enfermer
 dans une seule pensée. Ses chères abeilles lui ont appris à la fois et la pa-
 tience du travail et la poursuite des choses nouvelles. Un jour, la mouche
 à miel, qu'il suivait dans ses explorations aventureuses, l'a présenté au
 vers à soie ; il a aussitôt salué avec respect ce second aide du pauvre. 11
 s'est inquiété de sa santé, de sa situation , de ses efforts, des soins et des
 traitements dont l'homme le rendait objet ou victime. Comme pour l'a-
beille, et par des remarques analogues, M. Roux a reconnu que le vers à
soie était le plus souvent incompris et maltraité, que son éducation pre-
mière était des plus douloureuses et des plus maladroites. Il a vu là une
réforme à opérer, un secours à apporter, et il s'est plu à me confier son
double rêve de la réhabilitation et du salut de deux admirables insectes,
d'une mouche et d'un ver, ouvriers obscurs des plus brillants éléments du
luxe : l'étoffe et la lumière !
   Permettez-moi donc, Monsieur le Directeur, de vous reproduire les prin-
cipales remarques que. j'ai retenues de l'intéressante conversation dont
M. Roux a bien voulu m'honorer.
   La méthode aveugle et brutale qui consiste à racler puis à entasser dans
des caisses ce qu'on appelle les graines de vers à soie, oubliant par trop
que ces graines sont des œufs , a surtout choque l'observation délicate de
notre paternel apiculteur. Selon lui , les blanches de bruyères que l'on
retire des tables en choisissant celles qui sont garnies des plus beaux cocons
destinés à la reproduction de l'espèce, doivent être transportées avec une
extrême précaution ; il importe de ne pas presser les cocons entre les
doigts, de ne point les secouer comme on a coutume de le faire dans le but