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188                   CULTURE DES VERS A SOIE.
de les éprouver, toutes choses qui en effet les éprouvent fatalement, in-
quiètent ou meurtrissent la chrysalide mystérieuse qui n'a point encore
percé à la vie extérieure. La bourre qui enveloppe ces cocons et dont les
débarrasse un ignorant usage, doit au contraire être respectée : c'est une
entrave que la nature oppose sagement à la trop prompte sortie des pa-
pillons impatients ; couper l'extrémité de chaque cocon afin de hâter cette
délivrance est le comble de la même erreur. Rien n'est plus opposé au ré-
sultat qu'on désire. Ce sont précisément les efforts que fait le Bombyx pour
rompre sa prison , pour arriver au plein air et au grand jour, qui déve-
loppent dans la mesure nécessaire sa vigueur génératrice. Ceux qui suc-
combent ne sont point à regretter ; ils n'étaient dignes ni de vaincre ni de
vivre. Les aider, c'est donc favoriser l'impuissance et la stérilité.
   Mais, une fois les obstacles naturels surmontés, la troupe d'élite, c'est-à-
dire les mâles, ardents et forts doivent être places quelque temps encore
dans le demi jour d'une pièce solitaire où ils achèvent de se préparer par la
retraite à l'œuvre violente de la reproduction.
   Ce moment passé, chaque mâle n'ayant pour mission que de féconder
une seule femelle , sera enlevé et tué dès qu'au battement de ses ailes on
reconnaîtra que ses forces ne lui serviraient plus qu'à d'imparfaites fécon-
dations.
   Survient la ponte des mères , et c'est alors que M. Roux exige qu'elles
soient posées sur un drap noir parfaitement étendu et pur , n'ayant jamais
été pollué par aucun autre usage. La ponte achevée on roulera soigneuse-
ment sur lui-même ce drap précieux auquel adhère , par une légère glu ,
la couche des œufs encore tendres, et on la conservera ainsi dans l'espé-
rance de la prochaine génération et dans la certitude de n'avoir rien né-
gligé pour une favorable éclosion.
   Enfin, l'hiver passé, sans avoir raclé, remué ou agité ces œufs, on
déroulera la pièce de drap, toute brodée de leurs grains, dans une chambre
purifiée quinze jours à l'avance par des émanations de souffre. On aura
soin d'entretenir une température douce, d'environ 18 à 20 degrés Réau-
mur, et bientôt on verra éclorc et s'agiter librement sur toute la surface
de l'étoffe un monde de petites vies où pas une n'aura été sacrifiée.
  A ces conseils, à ces pratiques dont la simplicité même est une raison
de vérité et de succès , M. Roux ajoute la recommandation à'évenler fré-
quemment l'intérieur des magnaneries et non point de les ouvrir à des
courants d'air aussi pernicieux pour les vers que pour les cériciculteurs.
De larges planches de carton élevées et abaissées tour à tour, avec les deux
mains, dans toute l'étendue des salles, pourraient remplir parfaitement le