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 186                   EXPOSITION DE 1857.

 est une charmante composition, bien dessinée, et qui rappelle,
 parle caractère de tête de la figure principale, quelques-unes des
 nombreuses saintes familles des maîtres secondaires de l'École
 italienne. M. Bazin [La jeune fille au lézard) procède assez di-
 rectement de l'école académique. Sa figure d'un aspect agréable
 et gracieux, est peinte avec finesse, mais peut-être pas avec assez
 de fermeté ; elle rappelle par le faire les compositions gra-
 cieuses mais un peu molles de Lancrenon et de quelques autres
 peintres de l'Empire. Malgré cela, nous le préférons beaucoup
 à l'élude de M. Maillot, pensionnaire de l'école française de Rome.
 Cette figure de femme nue , d'une beauté médiocre est assez
 bien peinte ; on y reconnaît la main d'un élève qui a fait de bonnes
 études, mais cela pourtant ne suffit pas tout à fait pour prendre
 rang parmi les maîtres. Joignez-y une pose disgracieuse et dif-
 ficile à comprendre, qui, avec les bras croisés sur la poilrine et
 le mouvement incliné du corps semblerait indiquer tout autant
  une femme qui prie qu'une femme qui obéit au sentiment ins-
 tinctif de la pudeur; et puis, en fin de compte, la ligne de la
 cuisse du côté gauche est pauvre et maigre, ce qui donne a ce
 membre l'air d'être beaucoup trop petit.
     Un des meilleurs tableaux de l'exposition est sans contredit
  celui de M. Pérignon : Paysans des Abruzzes. M. Pérignon a
 trouvé le moyen, en le peignant de donner de l'intérêt à ces
  éternelles scènes italiennes que, depuis Léopold Robert, Schnetz
 et Wintherhalter , tant de peintres , même ceux du dernier
  ordre, ont essayé de reproduire. Les paysans de M. Pérignon
  sont peints avec beauconp de fermeté et de vigueur, la couleur
  a de l'harmonie, et la scène à laquelle ils participent, est com-
  posée d'une façon qui n'est pas trop banale. Mais quelle que soit
  la valeur de cette toile, elle est encore loin pour nous de pou-
  voir être comparée au portrait de femme du même auteur. Nous
  y avons retrouvé quelques-unes des grandes qualités qui distin
  guaient son portrait de jeune fille exposé au salon de 1844.
  Pourquoi faut-il que M. Pérignon ait depuis accompli volontaire-
  ment sa propre décadence ? et s'il eût persisté dans la voie où
  il était entre de prime-abord, quel peintre de portraits il eût
' été dans le présent comme dans l'avenir !               MANUEL.