Pour une meilleure navigation sur le site, activez javascript.
page suivante »
                      HISTOIRE DE CHARLIEU.                          151
                                                             ;
occurence, nous allons essayer d'expliquer le fait à l'a de de nos
documents particuliers.
   Le IXe siècle, qui vit disparaître les derniers débris de la civi-
lisation romaine, donna naissance à un nouvel ordre de choses
qu'on est convenu d'appeler le régime féodal. Ce régime, résultat
final de la barbarie, fut fondé d'abord uniquement sur la force,
sans nul principe d'administration, de droit, de hiérarchie. Au
point de vue politique, tout alla au hasard de la violence ou de
la ruse : l'administrateur tâcha de se rendre maître du pays qu'il
était chargé d'administrer ; l'homme puissant, le rusé, qui n'a-
vaient pas les mêmes facilités, employèrent leurs facultés à se
créer aussi chacun un petit état indépendant. De cette lutte de
la force et de la ruse naquit le plus étrange amalgame géogra-
phique qu'il soit possible d'imaginer, amalgame que vint ensuite
sanctionner le pouvoir lorsque l'ordre renaquit du sein de la
Confusion. Cette circonstance explique les irrégularités géogra-
phiques qui se produisirent dans la France féodale. Ainsi, pour
citer un exemple qui nous intéresse, les seigneurs de Beaujeu
parvinrent à se créer un fief composé de lambeaux de territoires
empruntés à trois diocèses ou comtés limitrophes, ceux de Lyon,
de Mâcon, d'Autun.
   Un peu au sud-ouest de Beaujeu, il se produisit un fait ana-
logue. Nous avons vu qu'on avait fondé à Charlieu, en 872, une
abbaye de Bénédictins ; suivant l'esprit du siècle, les moines de
Charlieu prétendirent bientôt être les maîtres absolus du terri-
toire ressortissant à leur abbaye. Ils réussirent bien, en effet, à
se soustraire à l'autorité du comte de Mâcon, dans le ressort du-
quel ils se trouvaient placés ; mais, moins avisés que ceux de
Vezelay, établis vers le même temps, et qui s'étaient mis sous le
patronage des papes (1), pour se soustraire à toute autorité tem-
porelle, ils retombèrent sous la domination d'un seigneur plus
puissant que le comte de Mâcon, et dont il leur fut impossible de
se dégager f"2). Ce seigneur était le duc Boson, beau-frère de


  (1) Les religieux de Cluny en firent autant un peu plus tard.
  (2) La même chose arriva aux moines d'Ambierlc et de la Bénisson-Dieti,