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 128                    LE PÈRE DE LA CHAIZE.
 d'Estrées , alors ambassadeur du roi à Rome, comme un média-
 teur secret de Louis XIV auprès du Saint-Siège. Tel fut son vé-
 ritable râle , et ce rôle il le remplit avec persévérance jusqu'à la
 fin du débat, comme sa correspondance en fait foi. Amener entre
 les deux cours une pacifique entente fut son désir le plus ardent ;
 défenseur sincère et convaincu des droits du roi, il n'essaya ja-
 mais de les faire prévaloir qu'avec cette urbanité parfaite et cette
 douceur inaltérable qui étaient le fond même de sa nature. Le
 ton général de ses lettres est celui d'un homme profondément
•pénétré de ce qu'il dit, et qui n'a pas le moindre doute sur la
 légitimité de sa cause. En voici une que dicta l'illustre jésuite
 avant que l'affaire en fût arrivée aux proportions alarmantes qu'elle
 atteignit depuis ; elle donnera la mesure de ses sentiments et de
 sa manière d'envisager la question.
                                                       Paris, 9 mai 1678.
         * Mon Très-Révérend Père,
                 Pax Christi.
   J'ai reçu avec la plus profonde vénération la dernière lettre de
Votre Paternité, non pas seulement parce qu'elle était de la main
de Votre Révérence, à laquelle je suis attaché à tant de titres,
mais parce qu'elle m'a fait connaître la volonté du Souverain Pon-
tife (1), auquel je me glorifie d'obéir scrupuleusement au moindre
signe ; non pas simplement par devoir et par raison, mais encore
par un entraînement naturel.

   (1) Le pape Innocent XI, delà famille Odescalchi. Quoique d'une vertu
et d'une piété sincères, il faillit compromettre plus d'une fois les intérêts
du Saint-Siège par la rudesse de ses procédés envers Louis XIV.
   Voici au reste comment s'exprime à l'égard d'Innocent XI, M. de Carné
son partisan déclaré dans toutes ses relations avec Louis XIV: « Il arriva
que le Pape fut conduit à faire des vœux pour le succès de la ligue protes-
tante qui s'organisa contre Louis XIV, lors de la réaction provoquée par
les fautes, et les premiers malheurs de ce prince, et qu'il alla même, si l'on
devait s'en rapporter à des témoignages considérables, jusqu'à seconder
Guillaume III et à favoriser ses plans contre Jacques II, pareeque ce prince
catholique avait associé sa cause à celle de la France. » ( Politique de
Louis XIV elc. Correspondant du mois d'août 6).




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