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                     LE PÈRE DE LA CÃUIZE.                       127
pitre de Pamiers des brefs où la forme du langage ne sert même
point de passeport à la rudesse de la pensée. Ces brefs, datés du
1 e r janvier 1681, avaient quelque chose de si étrange, lorsqu'on
les rapprochait de la mansuétude et du style paternel de la cour
romaine , que le 31 mars, sur la requête du procureur-général,
le parlement en ordonna la suppression. »
   « La part qu'Innocent XI prit à ce différend, dit le P. d'Avri-
gny (1), dont la modération et la prudence extrême comme écri-
vain ne sauraient faire aucun doute , fut ce qui le rendit si vif,
et ce qui alluma le feu , dont à peine on aurait vu les premières
étincelles si les brefs ne lui avaient servi d'aliment. Il en adressa
trois au roi, deux à M. de Toulouse, autant à l'évêquc de Pamiers,
et trois, après la mort de ce prélat, au chapitre de sa cathédrale
et aux grands-vicaires qu'il avoit nommés. Dans les uns, il parloit
de l'extension de la régale comme d'une nouveauté infiniment
préjudiciable à la religion , et d'une si dangereuse conséquence,
qu'il étoit résolu de se servir de l'autorité que J.-C. lui avoit
confiée pour en prévenir les suites pernicieuses, aimant mieux
s'exposer à tout que de tolérer un pareil abus. Dans les autres,
il animoit le prélat (2) et son chapitre, dont il appuyoit toutes les
démarches, pendant que, d'un autre côté, il onnuloit les ordon-
nances du métropolitain, celles mêmes qu'il n'avoit pas encore
faites, mais qu'il pourrait faire à l'avenir, excommuniant d'une
excommunication majeure, qu'on encourroit de fait, sans autre
déclaration, ceux qui favoriseroient M. de Toulouse ou les grands-
vicaires qu'il avoit nommés. »
   « Il est aisé de deviner, ajoute le P. d'Avrigny, combien cette
conduite d'Innocent XI déplut à la cour de France. »
  Au milieu de ces malheureuses discussions , quelle fut la con-
duite du P. de La Chaize ? Elle fut toute de conciliation et tou-
jours pleine de respectueuses déférences à l'égard du Souverain-
Pontife. En parcourant les lettres où il parle de la régale, on
devine aisément qu'il fut, en dehors du rôle officiel du maréchal


  (1) Mémoires chronologiques et dogmatiques.
  (2) L'évêque de Pamiers.